C’est l’un des paradoxes de la politique du gouvernement dans le domaine de la lecture. Elisabeth Borne, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, et Rachida Dati, ministre de la culture, lanceront, lundi 2 juin, l’opération « Cet été je lis », qui vise à encourager la lecture chez les jeunes dans un contexte de surexposition aux écrans et de désintérêt pour la lecture.

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Les deux ministres réaffirment que « les jeunes passent dix fois plus de temps sur les écrans qu’à lire des livres pour leurs loisirs ». Et rappellent que, « à la rentrée scolaire 2024, seuls 55 % des élèves de CM2 maîtrisaient la compréhension d’un texte lu ». Ce qui ne les empêche pas de laisser la Maison des écrivains et de la littérature (MEL), le premier employeur d’écrivains en France en matière d’éducation artistique et culturelle, courir à la faillite.

Voulue par Jack Lang en 1986, cette association loi de 1901, qui était initialement une émanation du Centre national du livre, permet chaque année à 30 000 élèves de rencontrer près de 300 écrivains. Ils viennent parler de leur profession dans les classes du primaire, du secondaire, et rencontraient jusqu’à présent plus de 10 000 étudiants dans les universités de la France entière. Et même à l’étranger, en Belgique, en Suisse, en Pologne ou au Royaume-Uni. La MEL propose aussi un important centre de ressources et de documentation en répertoriant entre autres les bourses et les résidences d’écrivains. Elle organisait, jusqu’à 2024, des festivals et des manifestations littéraires, comme les rencontres Enjeux contemporains ou encore le Festival de littérature et de l’illustration jeunesse de Saint-Brévin-les-pins (Loire-Atlantique). Sa mission consiste à défendre les écrivains, veiller aux conditions de leur travail et diffuser leurs œuvres.

Asphyxiée financièrement

Or la structure a vu ses subsides fondre comme neige au soleil. Le ministère de la culture l’a asphyxiée financièrement en passant de 500 000 euros de subventions en 2023 à 350 000 euros en 2024, et 200 000 cette année, soit 60 % de baisse. Et encore, ces subventions n’ont été débloquées que début avril, « alors que nous ne savions plus comment payer les sept salaires de l’association », précise Sylvie Gouttebaron, directrice de la MEL depuis 2005.

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