
Rien n’est immobile sur la sphère céleste. Chaque planète, chaque étoile est animée d’un mouvement propre qui modifie sa position par rapport aux autres astres. Les distances qui nous séparent des étoiles sont tellement grandes que leur mouvement propre – pas leur mouvement apparent quotidien provoqué par la rotation de notre planète – est imperceptible à l’œil nu sur la durée d’une vie humaine, mais les astronomes parviennent à le mesurer avec une extrême précision pour des milliards d’étoiles au sein de notre galaxie. À l’œil nu, en revanche, il est facile de constater au fil des semaines et des mois le déplacement des planètes par rapport aux étoiles à cause de la conjugaison de leur mouvement propre et de celui de la Terre autour du Soleil. Certaines comètes également, lorsqu’elles croisent notre planète lors de leur passage au plus près du Soleil, peuvent afficher un mouvement propre perceptible visuellement en seulement quelques heures. La palme du mouvement propre le plus évident revient toutefois à la Lune qui se déplace de près de douze degrés par jour par rapport aux étoiles.
La plupart du temps, on ne relève même plus ce mouvement propre lunaire qui fait partie de notre quotidien et l’on suit de soir en soir le déplacement vers l’est de la voûte céleste du satellite terrestre associé à la transformation progressive de sa phase. Mais l’occultation d’une étoile brillante ou d’un amas d’étoiles facilement repérable comme celui des Pléiades est une occasion relativement rare de voir le mouvement de la Lune en temps réel. Mercredi 3 décembre au soir, deux heures après le coucher du Soleil, la boule lunaire brillera à plus de trente degrés de hauteur au-dessus de l’horizon est. Elle sera éblouissante près de vingt-quatre heures avant la Pleine Lune, mais si vous la cachez avec le bout d’un doigt vous parviendrez sans doute à distinguer le petit groupe d’étoiles des Pléiades à moins de cinq degrés sur sa gauche ; avec des jumelles et un grossissement d’une dizaine de fois, la Lune et les Pléiades rentreront déjà dans le même champ. En ville, vous pouvez utiliser le bord d’un bâtiment pour cacher l’éclat lunaire et mieux distinguer l’amas ; à la campagne, un arbre fera l’affaire.
Le globe lunaire glissera vers les Pléiades tout au long de la nuit et le jeudi 4 décembre vers quatre heures du matin le limbe lunaire commencera à occulter les Pléiades. Il lui faudra plus de deux heures pour dépasser l’amas et nous retrouverons la Lune juste au-dessus des Pléiades à l’orée de l’aube, à une dizaine de degrés de hauteur au-dessus de l’horizon ouest-nord-ouest. Si cette rencontre céleste est observable à l’œil nu, je vous encourage à utiliser des jumelles ou un petit instrument comme une lunette ou un télescope pour l’observer dans de meilleures conditions. Même avec un grossissement limité à vingt ou trente fois vous verrez bien mieux les Pléiades et le déplacement de la Lune sera magnifié, l’occultation et la libération des étoiles matérialisant l’inéluctabilité de la progression lunaire.
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Chaque mois, je vous propose de découvrir mes images du ciel dans La Lettre du Guide du Ciel.
Phases de la Lune en décembre
La Lune est pleine le 5 dans le Taureau, au dernier quartier le 11 dans le Lion, nouvelle le 20 dans le Sagittaire et au premier quartier le 27 dans les Poissons.
Quelques rendez-vous sous le ciel de décembre
Le dimanche 7 décembre au soir, trois heures après le départ du Soleil, admirez le lever de Jupiter et de la Lune du côté est-nord-est de la voûte nocturne. Lorsqu’une grosse Lune comme celle-ci déboule dans la nuit, sa luminosité efface rapidement la Voie lactée et les astres les moins brillants, mais l’éclatante planète Jupiter, à peine un mois avant son opposition, s’impose sans peine juste à côté. Pour un photographe, ce coup de projecteur lunaire au ras de l’horizon est une très bonne chose car, pendant quelques minutes selon l’importance de l’absorption atmosphérique, il éclaire juste comme il faut le paysage sous le pilier de la Voie lactée qui se dresse alors au-dessus de l’horizon ouest !
Le mercredi 10 décembre à l’orée de l’aube, une bonne heure et demie avant le lever du Soleil, Régulus brille à moins d’un degré du limbe de la Lune gibbeuse décroissante. Ces deux astres sont installés à plus de cinquante degrés de hauteur au-dessus de l’horizon sud-sud-ouest et vous pouvez distinguer l’étoile principale du Lion sans difficulté à l’œil nu, même en pleine ville. Rêvez un peu en vous rappelant que la lumière de cette étoile que vos yeux collectent ce matin l’a quittée il y a un peu plus de soixante-dix-sept ans, soit juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le mercredi 17 et le jeudi 18 décembre à l’aube, une heure avant l’apparition du Soleil, Mercure et le vieux croissant lunaire animent l’horizon sud-est à moins de dix degrés de hauteur. Le crépuscule nautique vient de débuter – le Soleil est à douze degrés sous l’horizon – et des couleurs plus vives commencent à naître, mais il y a encore beaucoup d’étoiles dans le ciel qui vous domine, surtout si vous avez fait l’effort de vous éloigner des villes pour profiter du silence de l’aube glaciale. L’écart apparent entre Mercure et la Lune est d’un peu plus de treize degrés le 17 et de six degrés le 18 et les quelques étoiles qui scintillent entre ces deux astres appartiennent aux pinces du Scorpion. Si vous vous trouvez dans la moitié sud de la France et si votre ciel est parfaitement pur, il sera plus facile de repérer Antarès, qui se lève une cinquantaine de minutes avant le Soleil : le 18, elle est près de six degrés à l’aplomb de Mercure et moins de trois degrés à gauche de l’arc lunaire. Vous aurez probablement besoin de jumelles et, avec la turbulence toujours forte au ras de l’horizon, sa scintillation multicolore devrait être superbe.
Nous finissons l’année en compagnie de Saturne et de Jupiter. Le vendredi 26 et le samedi 27 décembre à la fin du crépuscule, une heure et demie après le coucher du Soleil, l’éclat affaibli de la planète aux anneaux est signalé par le quartier lunaire : il brille à cinq degrés sur sa droite le vendredi et à dix degrés sur sa gauche le samedi. Ces astres sont visibles à une quarantaine de degrés de hauteur au-dessus de l’horizon sud. À l’est-nord-est, sur l’autre versant du ciel, Jupiter n’a pas besoin de la Lune pour être repérée puisque son éclat est trente-trois fois plus intense que celui de Saturne. Cette planète n’est plus qu’à une quinzaine de jours de son passage en opposition et elle brille dans les Gémeaux, non loin de Castor et Pollux. Elle franchit le méridien à soixante-six degrés de hauteur et ses conditions d’observation sont donc idéales. Si des jumelles permettent de distinguer l’éclat des quatre principales lunes de Jupiter, il faut une petite lunette pour voir les bandes nuageuses plus sombres qui marquent ses tropiques et, dans un télescope d’amateur de grande dimension, des couleurs sont perceptibles au sein des bandes et des tourbillons de l’atmosphère jovienne.
Le ciel en décembre
Décembre est un mois de transition sur la voûte céleste. Les chaleurs estivales semblent lointaines et pourtant Véga, Deneb et Altaïr, les trois belles de l’été, sont encore présentes au-dessus de l’horizon ouest à la fin du crépuscule astronomique. La trace bifide de la Voie lactée qui les soutient luit toujours fièrement dans un ciel bien noir. En tournant le dos à cette persistance estivale, vous verrez bien que l’hiver arrive et qu’aucun mur ne saurait arrêter l’avancée inexorable d’Orion dans le ciel du soir. L’hiver, il est là dès le milieu de la nuit, lorsqu’il ne reste de l’été que l’éclat hésitant de Deneb au ras de l’horizon nord-ouest et que Pégase et les Poissons plongent vers l’orient. Toutes les figures hivernales entourent Orion : le Lièvre, le Taureau et les Gémeaux, mais aussi le Petit Chien et sa très belle étoile Procyon. Celle-ci souffre de sa comparaison avec Sirius du Grand Chien, mais c’est tout de même l’une des étoiles les plus brillantes du ciel ; elle est d’ailleurs plus éclatante que Bételgeuse. Si vous avez la chance de vous trouver sous un ciel vraiment sombre, vous verrez que la Voie lactée, si maigre au niveau de Cassiopée et de Persée, reprend de l’épaisseur entre le Petit Chien et Orion avant d’aborder les vastes allées du ciel austral. Les immenses nuits de décembre nous permettent aussi de découvrir le retour du ciel printanier avant l’aube. La Grande Ourse arrive en haut du bol nocturne et le Bouvier, la Vierge, le Lion et la Chevelure de Bérénice grimpent vers le zénith avant les premières lueurs du jour. Saturne et Jupiter embellissent la voûte céleste dès la fin du crépuscule.
Carte du ciel visible en décembre 2025 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Saturne sera d’autant plus proche de l’horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et Saturne sera plus éloignée de l’horizon sud.
Cette carte montre le ciel visible en décembre 2025 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.
Cinq livres pour préparer vos observations du ciel et des astres en 2026
Puisqu’une éclipse totale de Soleil sera visible dans le nord de l’Espagne le 12 août prochain, je vous suggère de vous procurer le guide pratique préparé par Jean-Marc Lecleire pour ne rien rater de ce rendez-vous céleste exceptionnel (Les Soleils noirs de 2026 et 2027, 144 pages, Stelvision, 21 €). Très complet, cet ouvrage aborde également l’éclipse totale de Soleil du 2 août 2027 – visible au sud de l’Espagne et en Afrique du Nord – et il est même accompagné de lunettes spéciales pour observer les phases partielles de ces éclipses qui seront visibles en France métropolitaine. Alors que des éruptions solaires importantes ont permis l’observation de somptueuses aurores boréales en France à plusieurs reprises depuis mai 2024, la lecture du livre d’Emmanuel Beaudoin, qui nous explique clairement comment les observer et les photographier, s’impose pour profiter des prochaines en France ou ailleurs (À la découverte des aurores boréales, 160 pages, Dunod, 16,90 €). Patrick Lécureuil évoque lui aussi les aurores boréales dans son nouvel ouvrage, mais il décrit également tous les spectacles météorologiques et astronomiques qui s’affichent sur l’atmosphère de notre planète et au-delà (Les spectacles du ciel, 210 pages, De Boeck Supérieur, 25 €). Je suis sûr que vous garderez sous la main toute l’année ce superbe livre pour comprendre et guetter les nombreux phénomènes lumineux visibles dans le ciel de jour comme de nuit. Lors des périodes de mauvais temps, vous pourrez vous plonger dans le livre qu’Olivier Sauzereau consacre à l’histoire de la mise en place d’un réseau d’observatoires dans les grands ports maritimes de France au XVIIIe et au XIXe siècles (Le marin, la montre et l’observatoire, 520 pages, Éditions Matériologiques, 29 €). Très riche et documentée, cette véritable enquête historique révèle à quel point l’aventure maritime au long cours de la France s’est appuyée sur la science, la technologie et le savoir-faire d’exceptionnels artisans horlogers. Enfin, je vous rappelle la sortie récente de l’édition 2026 de mon ouvrage annuel sur l’observation du ciel (Le ciel à l’œil nu en 2026, 144 pages, amds, 21 €). Le texte passe en revue, de janvier à décembre, les plus beaux phénomènes astronomiques visibles sans instrument (conjonctions, éclipses, lumière zodiacale, Voie lactée) et les agrémente de conseils pratiques, de rappels mythologiques sur les constellations, d’informations encyclopédiques sur les planètes et les étoiles et d’idées pour observer facilement le ciel en ville ou en pleine nature.




