Votée en catimini par une commission paritaire, la loi Duplomb n’est pas seulement une anomalie démocratique, elle révèle une triple dérive sur l’économie, la science et l’Europe.

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La polarisation croissante – économie contre écologie – n’a aucun sens. L’environnement n’est pas « de gauche », ni la compétitivité « de droite ». En prônant d’un côté une « décroissance » radicale, de l’autre le refus de l’« écologie punitive », les politiques simplifient les enjeux à outrance. Nous avons tous besoin d’emplois et d’un environnement sain. La mission du Parlement est de trouver un équilibre durable entre la création de valeur et la planète, la compétitivité et la santé, en commençant par la protection des travailleurs agricoles.

« Détruire la nature, c’est détruire l’économie. » Ce n’est pas un « écolo » qui le proclame, mais un membre du directoire de la Banque centrale européenne (Frank Elderson). Le manque d’eau, par exemple, a déjà des conséquences sur la production : hausse des prix des matières premières, risque de fermeture de centrales nucléaires (selon EDF). In fine, c’est la stabilité du système économique et financier qui est en jeu.

Respect de la science

Nous surexploitons la planète au risque de notre propre ruine, en oubliant que nous faisons partie de la nature qui nous nourrit, nous ressource, régule le climat, évite l’érosion. Et nous pensons naïvement que ces services sont « gratuits », ces largesses inépuisables. Il est temps de comprendre que le capital naturel, et en premier lieu le capital humain, a une valeur inestimable.

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Face au Covid-19, les autorités ont mis l’économie à l’arrêt, quitte à empiler les dettes. Cinq ans plus tard, le Parlement vote la consolidation d’un modèle économique extractif, condamné à terme, au lieu d’encourager la régénération. C’est incompréhensible.

Un peu de pragmatisme ne ferait pas de mal surtout quand des solutions existent, parfois inspirées de pratiques anciennes (comme la plantation de haies, par exemple, ou le respect des pollinisateurs), parfois liées à l’usage de technologies avancées (l’intelligence artificielle pour l’irrigation, par exemple).

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