Qui se souvient des derniers jours de la campagne des élections européennes, des mises en garde de Volodymyr Zelensky devant le Parlement français, des annonces d’Emmanuel Macron sur l’envoi d’avions de combat en Ukraine ? Le séisme de la dissolution a non seulement relégué le dossier ukrainien au second plan, mais il a aussi rendu le président français inaudible sur le sujet, lui qui avait tenté d’en faire un des enjeux du scrutin européen.

Dans les deux blocs dominant les débats, le Nouveau Front populaire et l’extrême droite rassemblée autour du Rassemblement national (RN), le même constat s’impose : la question de l’Ukraine, et partant celle des relations avec la Russie, est quasiment oubliée, cachée sous un unanimisme de façade ou tout simplement mise sous le tapis.

C’est à gauche que le revirement est le plus stupéfiant, alors que le désaccord au sujet de l’Ukraine a fait figure, tout au long de la campagne des européennes, de fracture béante. Raphaël Glucksmann et ses soutiens, arrivés en tête à gauche (13,8 %), n’ont cessé de renvoyer le camp de Jean-Luc Mélenchon à ses prises de position passées. Soutien plus ou moins assumé à Bachar Al-Assad, attaques contre l’OTAN, rendue responsable de la guerre en Ukraine, dénigrement des opposants russes morts ou vivants, reprise des thèses russes sur les « néonazis » influençant le pouvoir à Kiev… l’acte d’accusation est connu et ancien.

En face, les « insoumis », et le Rassemblement national avec lui, ont tenté de jeter le soupçon sur les engagements de M. Glucksmann, en faisant de sa collaboration passée avec l’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili, aujourd’hui emprisonné par un pouvoir autoritaire prorusse, un épisode trouble. Le candidat de Place publique a aussi été dépeint en « va-t-en-guerre ».

« Il a fallu se battre sur beaucoup de mots »

Ces divisions ont été comblées en un temps record avec l’élaboration d’un programme commun au Nouveau Front populaire, qui, sur le sujet ukrainien, s’aligne sur les positions de Place publique, du Parti socialiste et des écologistes.

L’objectif et les moyens sont clairement affichés : « Pour faire échec à la guerre d’agression de Vladimir Poutine, et qu’il réponde de ses crimes devant la justice internationale : défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien, ainsi que l’intégrité de ses frontières, par la livraison d’armes nécessaires, l’annulation de sa dette extérieure, la saisie des avoirs des oligarques qui contribuent à l’effort de guerre russe. »

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