La première réaction aux annonces de la guerre tarifaire lancée par les Etats-Unis est la sidération, et beaucoup d’opérateurs économiques ont suspendu toutes leurs décisions en attendant d’y voir plus clair. Pourtant, la nouvelle posture américaine engendre aussi des possibilités, et la France est bien placée pour en profiter.

Tout d’abord, le modèle d’internationalisation des entreprises françaises, fondé sur l’implantation à l’étranger plus que sur l’exportation, les protège en partie des augmentations de droits de douane. Ainsi, le chiffre d’affaires réalisé par des entreprises françaises implantées aux Etats-Unis est de 341 milliards d’euros (en 2022), bien supérieur aux 45 milliards d’euros d’exportations de biens de la France vers les Etats-Unis (en 2023).

En outre, une augmentation de 10 % des droits de douane a un impact comparable à des cycles de baisse de même ordre du dollar, lesquels n’ont jamais empêché les exportations européennes de prospérer aux Etats-Unis. Cela est dû au fait que les prix américains intérieurs sont en moyenne entre 20 % et 30 % plus élevés qu’en France, ce qui laisse aux exportateurs français une certaine marge de manœuvre pour y augmenter leurs prix.

Ce raisonnement ne fonctionnerait certes pas avec des majorations de 30 %, 50 %, voire 200 %. Mais il existe de puissantes forces de rappel qui limitent déjà la capacité de Donald Trump à aller plus loin en matière de droits de douane. En témoignent les réactions aux annonces de droits de douane du « Liberation Day », le 2 avril : Wall Street a chuté de l’ordre de 10 % (soit une « perte » de 6 000 milliards de dollars – 5 474 milliards d’euros) et, sur le marché des bons du Trésor à dix ans, une hausse de 0,5 point du taux d’intérêt a été enregistrée en moins d’une semaine (soit un surcoût de la dette de 1 750 milliards de dollars pour l’Etat fédéral américain). Les pressions des sociétés américaines ont enfin conduit à la récente exemption de droits de douane sur les ordinateurs et smartphones en provenance de Chine.

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