L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et l’installation de la prochaine administration américaine, le 20 janvier 2025, alimentent toutes sortes de spéculations, d’interrogations et de craintes. Une grande part de celles-ci portent sur les orientations que le 47e président des Etats-Unis imprimera à l’économie et à la politique étrangère de son pays – elles auront un fort impact sur la vie de centaines de millions d’individus. Il manque cependant un dossier majeur dans l’éventail de ces inquiétudes : la gestion de la crise rampante due au virus H5N1, qui circule intensément dans les élevages bovins américains et qui est un bon candidat pour être le fauteur de la prochaine pandémie.

Sous une diversité de variants, le H5N1 circule dans le monde entier depuis de nombreuses années. L’écologie de ces virus aviaires est, en partie au moins, connue. Ils circulent à bas bruit dans les populations d’oiseaux sauvages, s’invitent à l’occasion de contaminations accidentelles dans des élevages de volailles, où la grande taille des exploitations et la faible diversité génétique des animaux font office de chambre d’amplification ; la charge virale dans l’environnement augmente, l’infectivité et la pathogénicité des virus aussi ; la faune sauvage se réinfecte au contact d’animaux domestiques, et ses déplacements contribuent à distribuer le pathogène sur tous les continents.

Depuis quelques années, la circulation du H5N1 est spectaculaire. Une grande diversité d’oiseaux sauvages a été touchée, avec des conséquences parfois catastrophiques sur certaines espèces menacées. Chats, renards, loutres, phoques, lions de mer, lynx ou pumas ont aussi fait les frais du virus.

Une unique mutation génétique

La nouveauté ? Elle est américaine. « Depuis mars 2024, l’émergence du clade 2.3.4.4b du virus grippal aviaire hautement pathogène H5N1 chez des mammifères non carnivores, avec des infections de chèvres et de vaches laitières (…) dans plusieurs Etats américains, constitue un changement épidémiologique », écrivent une trentaine de spécialistes dans l’édition de décembre de The Lancet Infectious Diseases. La progression est rapide. Le dernier compte rendu de la situation, sous la signature de ma collègue Delphine Roucaute, ne remonte qu’au 3 décembre et faisait état de 474 troupeaux ayant été infectés en Californie, l’Etat le plus durement frappé.

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