Le député Alexis Corbière (vu de dos) regarde Lucie Castets (au centre), à côté du maire de Trappes, Ali Rabeh (à gauche), et de l’avocate Raquel Garrido (à droite), lors d’une convention du Front populaire 2027 axée sur l’éducation, à Trappes (Yvelines), samedi 15 novembre 2025.

La gauche unitaire, qui défend une candidature commune pour la présidentielle de 2027, s’est réunie à Trappes (Yvelines), samedi 15 novembre, pour faire la démonstration du caractère incontournable d’une union face à l’extrême droite, en annonçant la tenue d’une primaire pour « l’automne 2026 ».

Ils avaient fait « le serment », en juillet à Bagneux (Hauts-de-Seine), d’avoir un « candidat commun » pour 2027 : le patron du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, la cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, les ex-députés de La France insoumise (LFI) Clémentine Autain (L’Après) et François Ruffin (Debout !), ainsi que le coordinateur de Génération.s Benjamin Lucas se sont retrouvés avec celle qui a été proposée pour le poste de première ministre par la gauche unie en 2024, Lucie Castets, pour donner un aspect plus concret à cette promesse jusque-là peu visible.

La primaire aura lieu à « l’automne 2026 », a annoncé Lucie Castets, en précisant que la date et les modalités de ce processus de désignation seront annoncées durant la première quinzaine de décembre.

« Quand nous allons donner la date, cela va créer un effet d’entraînement, une dynamique », veut croire Mme Castets, qui s’appuie sur une enquête Elabe pour BFM-TV qui affirme que 72 % des électeurs du Nouveau Front populaire veulent une candidature unique de la gauche. « C’est la bataille politique la plus difficile qu’on ait jamais eue à mener », assure Marine Tondelier, fer de lance de cette union.

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Trois candidats déclarés

Les deux candidats de gauche les mieux placés dans les sondages, le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, et le dirigeant de Place publique, Raphaël Glucksmann, sur deux lignes antagonistes, refusent cependant toute participation à ce processus, persuadés de pouvoir s’imposer en incarnant le vote utile.

Le Parti communiste français ne partage pas, à ce stade, cette volonté d’union. Toutefois, il a « une culture antifasciste et une tradition d’union », relève Clémentine Autain.

Pour l’heure, trois candidats sont déjà déclarés pour cette primaire : François Ruffin, Clémentine Autain et Marine Tondelier, qui devrait officiellement être désignée par son parti au début de décembre. Interrogé pour savoir s’il serait candidat, Olivier Faure a dit que « la décision n’était pas prise ».

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Reste qu’au sein même du PS certains ne sont pas favorables à cette primaire, et penchent pour soutenir Raphaël Glucksmann. « On a un mandat tranché par notre congrès sur cette question d’une candidature commune », rappelle la maire de Nantes, Johanna Rolland, qui précise que les militants seront consultés « après les municipales ».

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« Toux ceux qui [en interne] étaient sceptiques sur le “format Bagneux” jugent aujourd’hui qu’il est utile. Cette obligation morale va augmenter au fur et à mesure qu’on va avancer vers la présidentielle », insiste Olivier Faure, alors que la capacité du PS à se rallier à un autre candidat que celui issu de ses rangs est aussi mise en doute à l’extérieur – par exemple, par ce responsable de Place publique qui ne voit pas les socialistes se ranger « derrière Tondelier si elle gagne ».

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« Jospin 2002 »

Pour cette première manifestation du « Front populaire 2027 », les unitaires ont organisé une convention sur le thème de l’éducation, avec des jeunes des quartiers populaires, en dénonçant le séparatisme scolaire. D’autres conventions suivront, pour enrichir une plateforme programmatique, qui sera lancée en février prochain.

Il reste difficile de pousser la stratégie d’union, quand les différents partenaires ont défendu des positions adverses à l’Assemblée sur le budget. « La séquence budgétaire ne fédère pas », reconnaît Clémentine Autain, qui a peu apprécié la position de compromis des socialistes vis-à-vis du gouvernement. « Ça donne aux électeurs de gauche la possibilité de trancher un profil lié à une ligne politique », estime-t-elle.

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Cet événement a lieu la veille d’un rassemblement d’une autre partie de la gauche, qui représente la social-démocratie, dimanche à Pontoise, autour de l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve.

Raphaël Glucksmann y sera présent. Pas de quoi inquiéter les unitaires. « Il a le droit de vouloir incarner ce qu’il veut, si ça lui convient mieux », a réagi Olivier Faure. En revanche, s’il « zappe la primaire, il n’échappera pas à la fragmentation de la gauche. Il aura face à lui Ruffin, Tondelier et Roussel, voire plus », estime un député socialiste, qui ajoute : « Ce sera Jospin 2002. »

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Le Monde avec AFP

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