Les mobilités et, en particulier, la voiture, sont le seul secteur où les émissions de CO2 ne baissent pas depuis trente ans. Le report de la voiture vers les transports publics est en conséquence au cœur des débats. Le carbone, l’aménagement du territoire et les questions sociales sont ainsi invoqués pour mettre en place un choc d’offre de transport public. La question de son financement se pose avec une forte acuité dans le contexte d’une crise profonde et durable des finances publiques.

En octobre 2024, face aux représentants de la profession, le ministre des transports François Durovray a tenu un langage de vérité : « Les milliards attendus de l’Etat ne sont pas connus », et il a estimé nécessaire de « réinventer le modèle économique du secteur ». Ce propos rejoint le constat déjà fait en août 2011 par le chercheur Bruno Faivre d’Arcier, qui s’interrogeait, de manière faussement naïve : « La situation financière des transports publics est-elle durable ? »

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Le monde du transport n’échappera pas à la crise budgétaire que traverse le pays, alors que de nouvelles priorités sont à financer : défense nationale, santé, éducation, justice. Demander à l’Etat d’octroyer de nouveaux impôts sur les entreprises pour financer les transports en commun conduira à affaiblir la sphère productive et masque les problèmes de productivité du secteur. Les transports en commun urbains et les TER [transport express régional] coûtent en effet 50 % plus cher à la société que la voiture, selon l’Insee [Institut national de la statistique et des études économiques], avec de très fortes disparités territoriales : les gains de productivité que l’on attendrait d’un transport massifié ne sont pas au rendez-vous.

C’est le résultat du manque de concurrence et d’une offre inadaptée à la demande de mobilité. Les liens des grandes agglomérations avec leurs zones périurbaines et les villes moyennes pèsent pour la moitié des émissions de la voiture, du fait d’une offre alternative inférieure en moyenne d’un facteur 5 à la demande. Si l’on veut financer le surcroît de transport public, il faudra donc agir à la fois sur les dépenses et sur les recettes.

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