Ils devaient être parmi les premiers. La date avait été fixée au mercredi 11 décembre 2024. Après trois années de négociations, 26 élus de la métropole de Lyon et de l’Est lyonnais devaient arrêter le projet du texte qui dirait l’avenir du territoire. Celui-ci, 73 communes, 1,5 million d’habitants, est l’un des plus exposés au réchauffement climatique. Les étés de 2050 seront ceux de Madrid aujourd’hui. Les lotissements qui s’étalent à l’infini, les zones industrielles et leurs entrepôts avec leurs parkings et parfois une table de pique-nique en plein soleil ne peuvent plus être la norme. Il faut rafraîchir, préserver ces sites qui, si rien n’est fait, seront invivables. Ils abritent aussi la nappe d’eau de secours de Lyon quand il ne sera plus possible de pomper dans le Rhône.
Ce matin du 11 décembre 2024, le président écologiste de la métropole, Bruno Bernard, accueille les représentants de la métropole et des communautés de communes du pays de l’Ozon et de l’Est lyonnais qui siègent au Sepal (le syndicat chargé d’élaborer le SCOT, le schéma de cohérence territoriale), plutôt confiant. Il y a bien cette petite musique anti-ZAN (zéro artificialisation nette) chantonnée par les élus Les Républicains (LR) ragaillardis par les propos du premier ministre, Michel Barnier, qui, quelques jours plus tôt au congrès des maires, a dit vouloir « redonner de la souplesse » à la loi climat et résilience de 2021. Une proposition de loi – débattue depuis mercredi 12 mars au Sénat – est aussi dans les tuyaux. Mais tout le monde était unanime pour réviser le SCOT, ce document de planification, colonne vertébrale du territoire. Les voici arrivés à la dernière étape.
Sauf que rien ne s’est passé comme prévu. Le café terminé, le climat devient subitement glacial dans l’amphithéâtre du conseil métropolitain. Après l’exposé de Bruno Bernard et de sa vice-présidente à l’urbanisme, Béatrice Vessiller, silence radio. L’opposition refuse de s’exprimer. Comprenant que l’issue du vote est compromise, que quatre années de travail et 3 millions d’euros d’études allaient être balayés sans débat, Bruno Bernard lève la séance. « Déni démocratique », dénonce l’opposition.
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