« Le sertao deviendra mer, et la mer deviendra sertao », proclame une vieille prophétie du Nordeste brésilien. Ce rude arrière-pays, vaste comme deux fois la France, est pourtant connu comme un empire de la soif. Depuis des siècles, ses paysans supplient le ciel de faire pleuvoir pour sauver bêtes et enfants. Le sertao est un pays de broussailles et d’étendues stoïques, ployant sous un soleil sans merci. Il faut une sacrée dose d’imagination pour rêver d’y apercevoir un lac ou même un ruisseau.
Mais l’antique prédiction repose sur un fond de vérité : il y a très longtemps, au crétacé inférieur, aux alentours de 110 millions d’années, l’océan pénétrait bel et bien le sertao. L’éclatement de la Pangée a dessiné d’énormes dépressions et une série de lagunes salées jusque dans l’actuelle région du Cariri, au cœur du Nordeste. Ces eaux peu profondes, grouillant d’algues et de poissons, attirent alors une foule de visiteurs.
Parmi eux, un petit ptérosaure de 1 mètre d’envergure promène sa silhouette élancée à travers les étangs. Membre de la famille des Ctenochasmatidae, ce reptile volant « filtreur » est doté d’une mâchoire allongée garnie de centaines de dents en brosse. A la manière des baleines à fanons, il s’en sert comme nasse pour happer crevettes et crustacés.
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