Les pneus automobiles, dont l’usure rejette chaque année 6 millions de tonnes de particules dans l’environnement, font de cet objet du quotidien la deuxième source mondiale de microplastiques primaires après les fibres textiles issues de la pétrochimie. Une équipe de l’université John Paulson School of Engineering and Applied Sciences de Harvard (Cambridge, Massachusetts) s’est attaquée à ce fléau en concevant une nouvelle matière, appelée « tanglemer », dix fois plus résistante aux fissures qu’un caoutchouc naturel classique.

Pour transformer le latex visqueux en un matériau solide, ces chercheurs ont imaginé une méthode douce, sans soufre ni chaleur intense, contrairement au procédé de vulcanisation inventé au XIXe siècle par l’Américain Charles Goodyear. Cette nouvelle approche préserve les longues chaînes polymères de la sève d’hévéa au lieu de les fragmenter et les fragiliser.

« Entrelacements très nombreux »

Encore au stade de preuve de concept, la recherche a été saluée, dès sa publication dans Nature Sustainability, par le chercheur américain Michael Rubinstein, coauteur du livre de référence mondiale sur la physique des polymères, Polymers Physics (Oxford University Press, 2003, non traduit). Dans ce nouveau caoutchouc, dit-il, « les entrelacements très nombreux permettent le glissement des polymères qui se comportent plus comme des anneaux que comme des nœuds ». Cette configuration permet une « redistribution des tensions » et « réduit le risque de rupture, empêchant ainsi la propagation des fissures ». Dans une industrie qui, depuis des décennies, n’a pas connu d’innovation majeure, « les enseignements fondamentaux de cette étude offriront de nouveaux leviers pour la conception de matériaux », prédit cet observateur averti.

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