Les dernières projections de croissance ont provoqué le malaise en Inde. Les dirigeants ont beau vanter l’inexorable ascension de leur pays, l’économie marque le pas. Le premier ministre, Narendra Modi, et son gouvernement le répètent à l’envi : l’Inde, avec ses 1,4 milliard d’habitants, devrait se hisser au rang de troisième économie mondiale des 2030, dépassant l’Allemagne et le Japon.

Le géant sud-asiatique poursuit certes sa course en tête dans les classements, mais la croissance pour l’exercice budgétaire qui s’achèvera au 31 mars ne devrait pas dépasser les 6,4 %. Une performance décevante : lors de l’exercice 2023-2024, la croissance s’était établie à 8,2 % et l’Inde tablait sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 7 % en 2025. Pour absorber les quelque 10 millions d’entrants qui arrivent chaque année sur le marché du travail, la croissance du pays doit atteindre au moins 8 %.

Une série d’indicateurs économiques s’étaient déjà révélés décevants au cours des derniers mois et ont commencé à semer le doute auprès des investisseurs. La première mauvaise nouvelle est tombée en novembre 2024, lorsque les statistiques officielles ont révélé que la croissance s’était établie à 5,4 % durant le deuxième trimestre 2024, soit son rythme le plus bas depuis sept trimestres.

La classe moyenne, colonne vertébrale de l’économie, se serre la ceinture. Selon le groupe de réflexion People Research on India’s Consumer Economy, basé à New Delhi, quelque 570 millions de personnes constituent cette catégorie de la population. Loin des standards européens en la matière, elle est composée de ménages dont les revenus annuels sont compris entre 500 000 et 3 millions de roupies, soit entre 5 550 et 33 300 euros par an, dont certains sont particulièrement précaires.

« Série de chocs » encaissés

Frappée de plein fouet par une inflation persistante et objet d’une lourde fiscalité sur le revenu, la classe moyenne a également vu ses salaires stagner. L’indice des prix à la consommation flirte avec les 6 %. L’inflation alimentaire y est pour beaucoup : elle atteignait 9 % en novembre 2024. Les Indiens sont désormais nombreux à puiser dans leurs économies ou à s’endetter.

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