
La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, a annoncé, mercredi 3 septembre, son intention de participer au mouvement de contestation multisectoriel du 10 septembre, contrairement à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), sa rivale. Elle appelle en outre à manifester, jeudi à Bruxelles, contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.
« On attend toujours des réponses concrètes aux colères agricoles », à la nécessité « de vivre dignement de notre métier », a expliqué son porte-parole, Thomas Gibert, lors de la conférence de presse de rentrée à Paris, au terme d’un été marqué par les sécheresses et les épizooties.
« C’est pour cela que l’on se sent entièrement légitime pour participer à ce mouvement, en convergence avec l’ensemble des colères qui s’agrègent autour de cette date du 10 septembre (…) Nous serons présents et on va clairement appeler à rejoindre les mobilisations et à en organiser », a-t-il ajouté. Après la poussée de dermatose nodulaire contagieuse des bovins, le syndicat, qui s’opposait à un abattage total dans les foyers d’infection, accuse le gouvernement de refuser la « concertation avec tous les partenaires agricoles ».
« Repenser l’agriculture méditerranéenne »
Face à la sécheresse et aux incendies d’une ampleur inédite, il déplore les « fausses solutions » que sont, selon lui, les grandes retenues d’eau ou les mesures de la loi Duplomb, « destinées à l’agro-industrie ». Il appelle à « repenser l’agriculture méditerranéenne, l’occupation des sols, les enjeux liés au pastoralisme ». Du fait de l’incapacité de nombreux agriculteurs à souscrire une assurance climatique, il propose un « fonds mutuel et solidaire », abondé par toute la chaîne agroalimentaire, des vendeurs de matériel agricole à la grande distribution. « Ce n’est pas normal que, dans la profession, il n’y ait que le monde paysan qui participe aux risques », s’est indigné M. Gibert.
L’appel à tout bloquer le 10 septembre est né sur les réseaux sociaux, et les autorités attendent des actions variées sur tout le territoire. La FNSEA, premier syndicat agricole, a fait savoir qu’elle n’y participerait pas pour éviter une « récupération politique », annonçant plutôt une mobilisation « cet automne » aux formes à définir et avec ses propres revendications.
En ce qui concerne l’accord de libre-échange avec des pays du Mercosur, dont Bruxelles a lancé mercredi le processus de ratification, la Confédération paysanne manifestera donc jeudi à Bruxelles, avec le mouvement Via Campesina, pour inviter « les Etats européens et tous les eurodéputés [à s’y opposer], en appelant aussi fortement l’Etat français à être plus clair dans sa position ».
« On refuse cet accord qui va augmenter les quotas d’importations. C’est accepter un suicide de l’agriculture française », a déploré Stéphane Galais, autre porte-parole de la Confédération paysanne.