Ce n’est pas un raz de marée, plutôt une progression lente et continue. Du sud au nord de l’Europe, l’extrême droite progresse. En prolongeant les tendances actuelles, un statisticien pervers pourrait risquer ce pronostic : d’ici cinq à dix ans, Nigel Farage (Reform UK) sera au pouvoir à Londres, Alice Weidel (Alternative für Deutschland, AfD) à Berlin et Marine Le Pen (Rassemblement national) à Paris. Tiercé tragique mais peu plausible ? Pas sûr. L’ampleur du phénomène, qui devrait obséder les formations de centre droit et de centre gauche, impose de s’y arrêter. Comment ? Pourquoi ?

Lire l’analyse | Article réservé à nos abonnés En Pologne, l’emprise de l’extrême droite anti-européenne pèse sur l’élection présidentielle

Les derniers scrutins sont significatifs. En Pologne, au Portugal, en Roumanie, l’extrême droite protestataire flirte avec la première ou la seconde place. Début mai, lors d’une série de consultations locales en Angleterre, le Reform UK inflige une défaite au Labour du premier ministre Keir Starmer et devance l’opposition conservatrice, les Tories, de Kemi Badenoch. Le Brexit de 2016 n’a tenu aucune de ses promesses, bien au contraire, mais l’un de ses porte-drapeaux les plus baratineurs, Nigel Farage, revient au cœur de la politique du pays.

En France, le Rassemblement national est le parti qui compte le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale – et le mieux placé pour le premier tour de la présidentielle de 2027. Sur une ligne national-populiste, eurosceptique et poutino-compatible, Robert Fico est de nouveau à la tête du gouvernement slovaque. Dans l’Europe du Nord, les formations protestataires participent parfois au pouvoir. A Rome, la présidente du conseil, Giorgia Meloni, venue de l’extrême droite, surfe sur un registre savant : impitoyable sur l’immigration ; pro-européenne ; solidaire de l’Ukraine ; en bons termes avec Donald Trump.

Détestation fréquente de l’UE

Le tableau d’une poussée ultradroitiste uniforme qui relèverait des mêmes causes et dont les acteurs défendraient le même programme doit être nuancé. Les singularités nationales comptent. D’un pays à l’autre, le cocktail du populisme de droite est différemment dosé. Le sentiment d’une population immigrée en surnombre serait unanimement partagé. Or la Roumanie ou la Slovaquie souffrent d’émigration plus que d’immigration.

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