Depuis le mois de mars, le virus de la grippe aviaire H5N1 a été retrouvé dans le lait de vaches de 832 élevages bovins de 16 Etats outre-Atlantique, et depuis mai chez des travailleurs agricoles de ces élevages bovins et aviaires, réveillant les risques d’une pandémie grippale. Depuis, alors qu’une transmission du virus H5N1 à la suite d’une consommation de lait cru a été suspectée chez un adolescent hospitalisé pour une forme grave en Californie, et que deux autres individus ont été diagnostiqués positifs au virus H5N1 sans source d’exposition ou lien avec des élevages atteints, l’inquiétude autour d’une potentielle circulation interhumaine non reconnue s’actualise.

Les virus grippaux sont en effet des virus à haute probabilité pandémique, en raison de leur forte capacité de mutations et de réassortiments génétiques interspécifiques, leur transmission respiratoire facilitant une dispersion rapide, et la faible immunité de la population depuis la grippe de 1918, et la difficile évaluation de l’immunité fournie par l’épidémie H1N1 en 2009. Si la circulation de différents virus de la grippe aviaire est ancienne et source d’inquiétudes régulières, depuis 2021 la circulation mondiale du virus hautement pathogène H5N1 est particulièrement préoccupante.

En effet, le virus a circulé sur tous les continents – jusqu’aux colonies d’oiseaux en Antarctique – avec des foyers de mortalité très importante, une persistance du virus dans l’environnement et une homogénéisation du sous-type (2.3.3.4b) circulant au niveau mondial. La perturbation des migrations de l’avifaune [ensemble des oiseaux d’une région] sauvage par les changements climatiques, et la diminution des zones de quiétude en lien avec la raréfaction des zones humides, favorisent également une plus grande densité et concentration d’oiseaux sauvages, et donc de potentiels échanges viraux.

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Jusqu’alors les politiques sanitaires en France reposaient sur l’abattage des élevages atteints, avant la mise en place de la vaccination aviaire en France, en octobre 2023. Ces précédentes politiques ont été caractérisées [par les anthropologues Charles Stépanoff et Frédéric Keck, et la sociologue Jocelyne Porcher] de « politiques de dépeuplement », résonnant avec le « dépeuplement » plus vaste de la sixième extinction de masse [liée à l’anthropocène].

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