La Chine s’impose désormais non seulement dans les industries de la transition écologique (panneaux solaires, voitures électriques, hydrogène…), mais aussi dans la course à l’intelligence artificielle (IA), l’automobile, bientôt l’aéronautique. Elle construit une centrale nucléaire par trimestre. L’Europe peut-elle s’inspirer de son modèle, fondé sur une planification centralisée et des politiques commerciales agressives ? Pour en débattre, nous avons organisé une rencontre entre Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d’investissement Bpifrance, et Alice Ekman, directrice de la recherche de l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne et spécialiste de la Chine – elle est, notamment, l’autrice de Dernier vol pour Pékin (Flammarion, « Champs actuel », 2024).

Par ses investissements gigantesques et sa capacité d’innovation, la Chine impressionne. Peut-elle être un modèle économique ?

Nicolas Dufourcq : Non, car la Chine est l’usine du monde : l’industrie représente 40 % de son produit intérieur brut (PIB), contre 10 % en France. L’écart est irrattrapable. Pour que la part de l’industrie en France remonte de seulement deux points de PIB, de 10 % à 12 %, France Stratégie estime qu’il faut compter plus d’une douzaine d’années. Les Chinois sont, par exemple, en train de construire cinquante-cinq usines géantes de semi-conducteurs : impossible de suivre ce rythme !

Par ailleurs, leur système est très singulier : la Chine fonctionne comme une entreprise intégrée, guidée par une planification centralisée extraordinairement efficace. Il y a bien eu un modèle planificateur européen, dans les années 1950 et 1960, mais il est mort depuis longtemps.

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