Face à un Donald Trump qui menace le monde entier de représailles commerciales, Pékin prend le contre-pied. En pleine foire commerciale Chine-Afrique dans la province du Hunan, les autorités chinoises ont annoncé vouloir supprimer les droits de douane sur l’intégralité des importations en provenance d’Afrique. La Chine est prête à « accueillir des produits africains de qualité sur son marché » en leur accordant « un traitement tarifaire nul », a ainsi indiqué le ministère des affaires étrangères chinois, dans une lettre rendue publique jeudi 12 juin. Seul un Etat sur 54, l’Eswatini, qui continue d’entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan, est exclu du futur accord.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés La Chine mise sur l’Afrique pour redessiner l’ordre mondial

La Chine se pose ainsi en championne du libre-échange et locomotive du « Sud global ». De surcroît vis-à-vis d’un continent lui aussi malmené par les Etats-Unis. De fait, si Pékin est la première cible de l’offensive protectionniste de Washington, de nombreux pays africains sont également menacés de surtaxes douanières et une trentaine d’entre eux pourrait perdre le bénéfice des franchises tarifaires accordées dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act, un accord commercial vieux d’un quart de siècle aujourd’hui en sursis.

Mais les attentes sont mesurées concernant les retombées de l’annonce de Pékin. Celle-ci doit encore être arrimée à un nouveau pacte économique dont on ne connaît pas précisément le contenu, ni quand il entrera en vigueur. Les économies les plus industrialisées, telles l’Afrique du Sud, le Maroc ou le Kenya, tireront sans doute quelque profit de cet accès préférentiel au marché chinois. Mais seulement pour une poignée de produits, dans l’agroalimentaire notamment, tant il paraît compliqué qu’une voiture sud-africaine ou un jean kényan parvienne à concurrencer leurs équivalents chinois. Dans l’ensemble, « si la diminution des droits de douane a un effet, il sera forcément très marginal », estime Thierry Pairault, directeur de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales.

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