L’heure approche. Il est 19 heures en ce frisquet vendredi de janvier et les chaises en plastique recouvertes de housses du Théâtre de la Doue sont encore vides. « C’est le calme avant la tempête », formule Amélie Laurent, sa coprésidente, également comédienne et agente sociale de 38 ans travaillant auprès de personnes âgées.

Ce soir, c’est la première pour les six acteurs amateurs de la troupe de Saint-Christophe-du-Bois – une commune de près de 3 000 habitants, située au sud de Cholet (Maine-et-Loire) – qui porte le nom de son théâtre. Dans les loges nichées sous la scène, les minutes s’égrènent lentement. « Il est où, le layon [un vin moelleux d’Anjou] ? », s’écrie l’une des actrices en se maquillant. Sur une petite télé suspendue, on devine le rideau rouge qui sépare encore les deux mondes. Sur la scène, les comédiens font maintenant les cent pas et Amélie Laurent médite face à une tête de cerf empaillée. Les derniers spectateurs arrivent et Elisabeth Arnaud, la metteuse en scène professionnelle qui les dirige, précise : « Il est 25. » Tel un commando prêt à réaliser un sacré coup, les six retournent en loge. Un cri de ralliement plus tard et il est l’heure d’y aller. Les trois coups retentissent et le rideau s’ouvre.

Un mois et quelque plus tôt, une guirlande de Noël entoure le petit bâtiment aux murs blancs donnant sur la rue principale de Saint-Christophe-du-Bois. Dans la salle encore vide de public en ce lundi soir de décembre, une dizaine de chaises sont alignées face à la scène qu’une arche de brique surplombe. Une équipe de machinistes retraités peaufine le décor fait maison qui comprend une fausse cheminée, un vrai escalier qui s’enfuit vers les coulisses et pas encore de tête de cerf empaillée. Côté acteur, c’est pareil : on peaufine. « Les deux premiers actes, ça doit rouler », lance Elisabeth Arnaud, venue de Nantes et travaillant auprès d’une dizaine de troupes amateur du coin. Avant d’enfiler des lunettes à double (quadruple ?) foyer et de prendre un air ahuri nécessaire à son rôle, Amélie Laurent explique : « Il y a un principe de base : toujours faire rire le public. C’est souvent du vaudeville, pour passer un bon moment. On n’est pas dans du théâtre moralisateur ou de la tragédie. »

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