Malgré l’habituelle complexité du royaume, tout semblait clair au soir des élections législatives belges, le 9 juin. La Flandre, principale région du pays, avait voté très à droite, mais les nationalistes de l’Alliance néoflamande (N-VA) avaient réussi leur pari de battre l’extrême droite xénophobe (le Vlaams Belang) et, ainsi, d’en empêcher l’arrivée au pouvoir.
La nouvelle coalition devait aussi sortir l’Etat belge de l’endettement – 600 milliards d’euros –, corriger le déficit public – 4,4 % du produit intérieur brut cette année – et s’attaquer à quelques questions épineuses, comme la réforme des retraites, la violence liée au trafic de stupéfiants ou le délabrement de l’appareil judiciaire. Le tout avec, pour un temps du moins, l’assentiment d’une opinion constatant que ses voisins français, allemands et néerlandais naviguent en pleine incertitude et assistent à la progression de forces populistes encore cantonnées, en Belgique, aux marges de l’échiquier.
Evidemment, la mutation d’un nationaliste flamand, dirigeant d’un parti séparatiste, en un possible chef d’un gouvernement fédéral – le mot « national » n’a définitivement plus cours au pays du roi Philippe – pouvait surprendre. Bart De Wever, maire d’Anvers, était toutefois parvenu à instiller l’idée qu’il avait abandonné ses projets de scission de l’Etat, étayés à l’époque par l’idée que les « deux démocraties » belges – la flamande et la francophone – seraient définitivement inconciliables.
Débats et transactions
Ses revendications indépendantistes semblaient donc promises à rejoindre le « frigo communautaire », qui renferme tous les dossiers opposant les deux grandes communautés du royaume. Certains thèmes y sont depuis longtemps congelés (la fédéralisation de la sécurité sociale, les pouvoirs du roi, etc.), d’autres servent d’armes de dissuasion (la surreprésentation flamande à la région de Bruxelles-Capitale, destinée à compenser la parité linguistique au sein du gouvernement fédéral).
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