Livre. De quelle injustice – ou plutôt de quelles injustices – le changement climatique est-il le nom ? L’avocat Sébastien Mabile, spécialiste de droit de l’environnement, explore la question sous toutes ses facettes, en partant d’un constat fondamental de la science climatique : si l’on veut respecter les termes de l’accord de Paris et limiter l’élévation de la température terrestre au mieux à 1,5 °C (et en tout cas en deçà de 2 °C) de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, la quantité de gaz à effet de serre qu’il est possible d’émettre est limitée.

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Le propos de Justice climatique. Pour une nouvelle lutte des classes (Actes Sud, 176 pages, 14,90 euros) est de tirer tous les enseignements de ce constat qui, pour peu qu’on le prenne au sérieux, redéfinit profondément les rapports de classe et la notion même de justice sociale. A l’aune du réchauffement, le partage de la richesse ne devient plus le seul enjeu de la « lutte des classes », expose Sébastien Mabile. Il s’agit aussi, et surtout, de répartir de manière équitable la quantité finie de gaz à effet de serre qu’il demeure possible d’émettre sans remettre en cause l’habitabilité de la Terre.

Vif et percutant, bouillonnant de colère et d’indignation, l’essai de Sébastien Mabile a tous les traits d’une plaidoirie. Il fourmille de chiffres et d’exemples pour démêler l’intrication des injustices liées à la destruction du climat.

Injustice historique entre les pays du Nord et du Sud, les premiers ayant contribué de manière démesurée à la situation actuelle, avant qu’une classe émergente d’ultra-riches – sans distinction de nationalité – n’adopte, dans une sorte d’escalade, des comportements toujours plus destructeurs.

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Injustice géographique, aussi : ici et ailleurs, non seulement les pauvres sont les moins responsables du réchauffement, mais ce sont eux qui en souffrent au premier chef. Injustice générationnelle, enfin, puisque les plus pénalisés sont ceux qui ne sont pas encore nés.

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