Entrepreneur depuis quinze ans et auteur de Recherche (désespérément) salariés (Fayard, 240 pages, 20 euros), Julien Leclercq estime que le rapport des salariés au travail a évolué, avec une aspiration à une plus grande liberté qui s’incarne notamment, à ses yeux, dans « le refus de certains actifs à s’engager dans un CDI ».

Journaliste à la tête d’une agence de presse, vous avez décidé de reprendre en 2020 un café-restaurant à Lectoure, dans le Gers. Comment s’est déroulée cette expérience entrepreneuriale sur le plan de la gestion des ressources humaines ?

La question du recrutement des salariés a été centrale. J’ai découvert des problématiques que l’on rencontre dans des métiers en tension, mais que je ne connaissais pas jusqu’alors dans la presse. Une annonce pour recruter un journaliste peut entraîner en retour 200 candidatures en une semaine, quand bien même le poste se situe à Astaffort [Lot-et-Garonne].

Rien de tel dans la restauration : juste avant la réouverture après le Covid-19, je me suis retrouvé face à un mur. Je n’avais que quelques candidatures, et des profils qui ne correspondaient pas forcément à nos attentes. En pareilles circonstances, le rapport s’inverse : l’entrepreneur n’est plus en position de force pour choisir son équipe. De tels recrutements ne peuvent avoir qu’un impact négatif sur la qualité du travail réalisé, la motivation des équipes (avec notamment des arrêts en cours de saison), et l’expérience client s’en ressent.

Quels moyens avez-vous utilisés pour renforcer votre attractivité et fidéliser vos salariés ?

Nous avons essayé de lever des freins à la venue de nouveaux collaborateurs, à commencer par la difficulté à se loger. Nous avons ainsi loué plusieurs appartements à proximité immédiate de notre établissement – la difficulté à se déplacer étant un autre frein pour les salariés – et avons précisé, dans nos offres, que l’hébergement était fourni.

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Nous avons également cherché à agir sur les rémunérations : nous avons proposé des « compléments » avec, en particulier, un dispositif d’intéressement indexé sur la progression du chiffre d’affaires et une prime de fidélité pour les employés restant jusqu’à la fin de la saison.

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