
Les luttes perdues laissent un goût amer. Comment espérer qu’une journée de mobilisation intersyndicale puisse changer quelque chose quand quatorze n’ont pas suffi à faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites en 2023 ? Le ministère de l’intérieur avait alors compté jusqu’à 1,28 million de personnes dans la rue le même jour, la CGT, 3,5 millions.
« J’entends très souvent dire “on était des millions, mais le gouvernement est passé quand même”. Les salariés sortis à l’époque sont découragés », constate Teddy Carvigant, élu CGT au comité social et économique d’Auchan Paris Est, où pourtant, entre licenciements massifs et fermeture de magasins, les raisons de mécontentement ne manquent pas. « Les salariés nous disent : “Même si on sort, ça ne sert à rien. Bloquer un rond-point comme les ‘gilets jaunes’ non plus. Alors que dois-je faire pour qu’on m’écoute ?” », renchérit Fabienne Dos Santos, déléguée CGT chez Sodexo (restauration collective) où la situation est également « difficile ». « Le travail est fatigant, mal payé, les plus qualifiés ont profité de la crise du Covid-19 pour changer de métier, et on a depuis beaucoup de mal à embaucher. C’est dur, et cela se manifeste par une montée des tensions entre les équipes, poursuit-elle. Pour autant, chacun reste avec ses problèmes et a du mal à voir qu’un délégué syndical ne peut pas créer un rapport de force seul. Il faut que ça mobilise derrière lui. »
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