Les répétitions de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024, le 3 juillet 2024.

Quand on demande à Thomas Jolly, bouillonnant directeur artistique des Jeux olympiques de Paris 2024, si la nomination possible d’un premier ministre d’extrême droite changerait la donne, il réajuste un quart de seconde son sourire. « Ça ne me fait pas plus peur que ça. Je ne travaille pas pour le gouvernement, mais pour le Comité international olympique, répond-il. Je réfère à Anne Hidalgo, à Emmanuel Macron, au gouvernement, mais je ne travaille pas pour eux. Si le Rassemblement national arrive au pouvoir, ça ne changera pas grand-chose, et la cérémonie portera un message qui ne sera pas relié à ce type d’idées. »

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Nuages noirs, ciel orageux. Nous sommes à une heure de Paris, dans un lieu tenu secret pour pouvoir répéter à l’écart des regards indiscrets la cérémonie de clôture des Jeux, le 11 août. A contrario de l’ouverture éparpillée le long des rives de la Seine, celle-ci aura lieu au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), avec un spectacle de quarante minutes soigneusement chorégraphié. « Avec le stade, je retrouve quelque chose de familier : c’est une scène, un lieu où tous les regards se rejoignent au même endroit », explique le metteur en scène.

Lire le reportage| Article réservé à nos abonnés Paris 2024 : avec le metteur en scène Thomas Jolly, dans les coulisses du spectacle dansé lors des cérémonies des JO

Il faut de l’espace pour pouvoir reproduire une telle scène. Le long de la piste de ce faux Stade de France posé au milieu d’un champ, dont la pelouse a été matérialisée par des bâches en plastique, on observe avec amusement la centaine d’acrobates – rejoints par la brigade de gymnastes des sapeurs-pompiers de Paris – évoluer sur la scène reconstituée. L’air est humide, les corps bousculés. « Je voulais célébrer ce moment humain que sont les Jeux, un moment fragile… », reprend Thomas Jolly, dont on sent qu’il n’élude pas le sujet, même si on l’imagine forcément gêné aux entournures, engoncé dans la dialectique entre philosophie universelle de l’événement et prise en compte du hiatus : « Je voudrais une fête… en conscience. Important qu’on soit en conscience. Nous sommes tous interrogés, en ce moment, sur notre vivre-ensemble et notre futur commun… »

« Avenir commun »

Fragile ? Créés dans l’Antiquité, les Jeux avaient disparu, rappelle-t-il, jusqu’à ce que le baron Pierre de Coubertin ne les réinvente, à la fin du XIXe siècle. Le scénario du spectacle, écrit bien avant les derniers rebondissements politiques, a, de ce point de vue, la résonance qu’on voudra lui donner. « C’est une dystopie, confie Thomas Jolly sans vouloir en dire trop. Une fresque onirique, où ces Jeux, ayant de nouveau disparu, sont redécouverts par les hommes dans très très longtemps, disons dans mille ans. On a imaginé qu’ils retrouvent les vestiges de… notre cérémonie d’ouverture. »

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