Indigo, homme transgenre et réfugié libanais, dans son studio parisien du 15ᵉ arrondissement, avec sa chienne Kassia, le 9 avril 2025.

« Dans le train pour Paris, ce jour de septembre 2023, j’ai enchaîné les épisodes d’une série Netflix, pour passer le temps. Je ne ressentais pas vraiment d’appréhension, pas encore. Je suis arrivé à la gare de Lyon avec quatre énormes valises, dans lesquelles j’avais fourré mes vêtements, mon ordinateur et des objets dont j’espérais qu’ils me permettraient de me sentir chez moi ailleurs : ma cafetière, quelques ustensiles de pâtisserie, mes élastiques pour faire du sport, de petites sculptures en céramique achetées pendant mes voyages. Je suis monté dans un taxi en direction de l’appartement où ma sœur, psychologue, vivait avec ses deux enfants, de 13 et 15 ans, et son mari, dans le 6e arrondissement. En découvrant le quartier, j’ai eu l’impression d’être plongé dans une carte postale, avec ces terrasses de café ensoleillées et cette file ininterrompue de Parisiens faisant la queue pour aller dîner au Relais de l’entrecôte.

J’avais déjà visité la ville mais, cette fois, tout était différent. Après quelques mois passés à travailler au siège de la Croix-Rouge internationale, à Genève, j’avais pris la décision de m’installer en France plutôt que de rentrer au Liban, mon pays. J’avais entamé un traitement hormonal, dans le cadre de ma transition de genre, et savais que je ne pourrais pas le poursuivre là-bas. Je voyais la France comme une terre d’accueil, j’avais déjà quelques amis ici. A 33 ans, j’avais décidé de mettre la première partie de ma vie derrière moi pour m’installer à Paris.

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