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La première fois que j’ai quitté ma Bretagne et ma famille, c’était il y a quelques semaines, fin août, quand je suis venu m’installer à Marseille pour mes études. J’ai fait le trajet jusqu’en Dordogne, où vit mon grand-père, et on est venus ensemble à Marseille une petite semaine avant ma rentrée. Il m’a aidé pour le déménagement et pour m’acclimater plus facilement. On a visité mon quartier, repéré les lieux, cherché les bons magasins où faire les courses.
Dans l’été, avec ma mère, on avait fouillé pas mal d’annonces de colocations à Marseille. On a réussi à signer pour l’appartement qui m’a le plus tapé dans l’œil, dans le 3e arrondissement, à six minutes à pieds de l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA) où je commence mes études. C’est parfait, je peux me lever tard avant d’aller en cours ! Ma coloc a 23 ans, j’avais un peu peur avant de la connaître, mais finalement ça se passe très bien avec elle.
Je paie 500 euros de loyer tout compris et je reçois 90 euros d’aide au logement de la CAF [Caisse d’allocations familiales]. Malheureusement, je ne suis pas éligible pour devenir boursier, j’imagine que les revenus de mes parents sont au-dessus des critères. Mon père était gardien de prison, maintenant il est à la retraite. Ma mère est institutrice. Ils vivent tous les deux à Plérin, dans les Côtes-d’Armor. Ils sont séparés, mais j’ai toujours été en garde alternée, même après ma majorité. J’ai deux grandes sœurs et un grand frère, eux sont indépendants financièrement.
C’est l’argent qui va être ma plus grande question cette année. Mes parents me donnent 200 euros chacun pour le loyer et moi je paie le reste. On a fait une demande de prêt à la banque, c’est 20 000 euros pour mes cinq ans d’études mais je ne voudrais y toucher en tout dernier recours. Avant d’arriver à Marseille, j’ai travaillé pendant un an chez McDonald’s, en parallèle de mon bac pro technicien étude du bâtiment, option assistant architecte, à Brest. Grâce à ça, j’ai pu m’acheter un ordi et garder 6 000 euros sur mon compte. Pour l’instant, c’est avec cet argent que j’ai mis de côté que je vis.
« J’apprends la vie seul et ça se passe plutôt bien »
En bac pro, grâce à mon professeur principal, j’ai pu faire un stage « égalité des chances » à l’ENSA de Toulouse. On a passé une semaine dans l’école et ça a concrétisé mon choix de devenir architecte. Après le collège, j’ai d’abord fait un CAP maçonnerie à Redon (Ille-et-Vilaine) et je me suis dit que je pouvais essayer d’aller plus loin. On doit être 2 % issus de bac pro à être admis à l’ENSA ! Au départ, je ne trouvais pas ça très rassurant mais j’ai déjà fait plusieurs stages en cabinets d’architecture ou dans le secteur du bâtiment, donc j’ai presque plus d’expérience que d’autres étudiants. J’ai toujours eu des difficultés en maths et en anglais, mais ça, ça vient de moi et je vais m’accrocher.
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