Audrey Fleurot tourne actuellement la cinquième et ultime saison de HPI, dont elle est l’héroïne. Avec plus de 12 millions de téléspectateurs, la fiction a battu des records d’audience sur TF1. Achetée dans 105 pays, adaptée aux Etats-Unis, cette série est nommée dans la catégorie meilleure comédie aux Emmy Awards, dont la cérémonie aura lieu à New York lundi 25 novembre. A 47 ans, la comédienne, et désormais productrice, savoure la notoriété que lui a apportée son personnage d’enquêtrice surdouée et déjantée.

Je ne serais pas arrivée là si…

… Si mes parents n’avaient pas été, l’un comme l’autre, contrariés dans leur désir professionnel par leurs propres parents. Même s’ils étaient inquiets de mon souhait de faire une carrière artistique, persuadés qu’il fallait avoir des connexions dans ce milieu pour pouvoir y accéder, ils étaient prêts à accompagner mon désir, parce que le leur avait été brimé. Ma mère aurait voulu écrire, être autrice. Ses parents lui ont dit : « Ecoute, tu vas déjà faire de la couture… » Elle est finalement devenue auxiliaire de puériculture et ne sait toujours pas faire un ourlet ! Mon père aurait souhaité devenir géomètre. Ses parents ont refusé de l’inscrire à l’examen, sous prétexte que son frère aîné l’avait raté. Issu d’une famille de militaires, il est devenu pompier professionnel.

Quels souvenirs gardez-vous de la vie en caserne ?

Après Mantes-la-Jolie [Yvelines], nous nous sommes installés à la caserne de Château-Landon, dans le 10e arrondissement de Paris. En tant que fille unique, j’adorais ce lieu parce qu’il y avait un grand gymnase où tous les enfants se retrouvaient et jouaient. Mais, au bout de quelques années, ma mère en a eu marre de la vie en caserne, une vie régie par le grade de son mari, et nous avons déménagé place des Fêtes, dans le 19e arrondissement.

Vous avez souvent parlé d’une soirée déterminante vécue à l’âge de 8 ans…

Je ne me serais jamais lancée dans une carrière artistique si mon père ne m’avait pas emmenée à la Comédie-Française. Il a toujours été flatté que je raconte cette histoire, mais il faut rendre à César ce qui est à César. Ce soir-là, mon père était pompier de garde à la Comédie-Française, et c’est ma mère qui lui a dit : « Emmène la gamine. » Pendant cette soirée, j’ai vécu une épiphanie.

C’est-à-dire ?

C’était une pièce de Carlo Goldoni, avec Catherine Hiegel. J’ai assisté au spectacle depuis le strapontin de service, entre la salle et la scène. Je voyais les changements de décors, les comédiens qui couraient dans tous les sens, et je découvrais que l’on pouvait raconter des histoires, jouer des personnages, être quelqu’un d’autre. J’aimais l’idée de faire un métier qui permette, un temps donné, d’avoir une autre vie. Je voulais absolument faire de la scène. C’est une chance inouïe d’avoir une telle évidence dans sa vie. Je l’ai eue à 8 ans, et j’ai organisé toute ma vie en fonction de ça.

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