De bon matin, la longiligne Ayo revient de sa promenade sur les bords de Seine. « Paris est magnifique, mais je ne pourrais plus vivre ici, assure la chanteuse, portant fièrement une casquette siglée « Tahiti », là où elle vit désormais. J’ai besoin d’aller surfer tous les matins. Il y a des gens qui vont à l’église. Mon temple, c’est l’océan. » La chanteuse allemande d’origine nigériane, qui avait lancé sa carrière en France en 2006 en publiant l’album Joyful (400 000 exemplaires vendus), n’était pas revenue à Paris, sa ville d’adoption, depuis plusieurs années. La dernière fois, c’était à la fin de sa tournée pour son disque Royal, publié en 2020.

L’autrice de la supplique folk Down on My Knees s’est donc trouvé une nouvelle passion en plus de la musique : le surf. Elle est tellement accro aux vagues qu’elle aurait aimé participer aux Jeux olympiques avec l’équipe nigériane. Elle a vite abandonné l’idée. « Je ne pouvais pas suivre le rythme des compétitions, reconnaît-elle. Pour être qualifiée, il faut vraiment mettre tout son temps dans le surf et, avec les concerts, la musique, c’était impossible. Or, c’est quand même ça qui nourrit mes enfants. »

Elle n’aurait pas eu le temps non plus d’enregistrer le remarquable Mami Wata, son septième album, sorti le 20 septembre, avec lequel elle redonne enfin de ses nouvelles. Un disque de douze chansons qu’elle a écrites à Tahiti et qu’elle défendra lors d’une cinquantaine de concerts dès le lendemain de sa ­sortie. La tournée terminée, elle retournera à Papeete « juste avant Noël », avec sa fille, Billie-Eve, 14 ans, et son fils Julius, 7 ans, qui la suivent dans sa vie de globe-trotteuse.

Son aîné, Nile, 18 ans, a choisi quant à lui de vivre à New York avec son père, le chanteur de reggae Patrice. Elle lui a consacré un morceau sur l’album, Closer, où elle chante en s’accompagnant à la guitare : « J’aurais aimé te tenir dans mes bras comme avant. Nous faisions le tour du monde, je ne t’aurais jamais laissé seul. Tant que tu étais avec moi, tu étais à la maison. » Les Etats-Unis, « un pays dont je ne suis pas très fan », dit-elle. Elle y a donné naissance à son troisième enfant, mais sa fille n’a pas pu obtenir de visa pour les rejoindre. Pour pouvoir retrouver Billie-Eve en Europe, elle est donc partie vivre au Portugal.

« L’univers nous envoie des petits messages »

La petite famille s’est installée dans une maison le long de l’Atlantique et s’est mise à pratiquer intensément le surf, qu’elle avait découvert plus jeune à Hossegor, dans les Landes. « Je faisais du surf tous les matins et tous les soirs, raconte-t-elle, tout sourire. Pendant le Covid-19, ça m’a sauvée, c’était ma thérapie, sinon je serais devenue complètement folle. Quand on a l’habitude d’être active et que ça s’arrête d’un coup, c’est terrible. J’étais en tournée pour la sortie de mon précédent disque, Royal, quand le président Macron a annoncé que les frontières fermeraient le 16 mars 2020. Je suis revenue au Portugal, mes musiciens sont retournés en France. » Mais, au fil des différents confinements, les restrictions liées à la pandémie se sont durcies, interdisant tout rassemblement, même ceux en pleine nature. « Avec mes amis, se rappelle-t-elle, on allait quand même surfer et c’était devenu un jeu de cache-cache avec la police, qui venait nous sortir de l’eau en bateau ou en 4 × 4 sur la plage. »

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