Ce dimanche 12 octobre figurera à coup sûr en bonne place dans l’album photo des cousins Arthur Rinderknech et Valentin Vacherot. Une date à marquer d’une pierre blanche, « une histoire pour des générations et des générations de notre famille », osait même le premier la veille. Et peu importe le vainqueur. Rinderknech l’avait dit samedi, après sa victoire en demi-finale contre le Russe Daniil Medvedev : « Il y a deux vainqueurs aujourd’hui, il y aura deux vainqueurs demain [dimanche], il n’y aura pas de perdant », promettait le Varois, assurant alors qu’il s’amuserait en finale contre son cousin « comme quand on avait douze ans ».
Dimanche, il a bien fallu un vainqueur, et c’est Valentin Vacherot qui a mis son nom sur le trophée du Masters 1 000 de Shanghaï, sous les yeux de Roger Federer, la légende des courts aux vingt succès en Grand Chelem. Grâce à cette victoire en trois sets (4-6, 6-3, 6-3) en Chine, le Monégasque remporte le premier tournoi de sa carrière.
Le niveau de jeu proposé par les deux hommes n’a dans un premier temps pas atteint celui qu’ils ont déployé pour se hisser jusqu’en finale du tournoi. Et qui leur a permis d’écarter au passage quelques cadors du circuit, parmi lesquels Novak Djokovic (5e mondial), l’homme aux 24 titres en Grand Chelem, battu en demi-finale par Vacherot, et Daniil Medvedev (18e), ancien numéro un mondial, dominé par Rinderknech au même stade de la compétition.
Dimanche, l’enjeu, l’émotion et la fatigue accumulée ont semblé paralyser les deux cousins, qui ont multiplié les fautes directes lors des premiers échanges. Et puis, après avoir perdu le premier set, Valentin Vacherot s’est libéré et a accéléré à la fin de la deuxième manche. Le break réalisé en début de troisième set lui a permis de faire la course en tête et de s’imposer après une heure trente de jeu, notamment grâce à des jeux de service autoritaires.
Meilleur classement de leur carrière
Valentin Vacherot et Arthur Rinderknech n’auront cessé de défier les lois de la probabilité durant leur douzaine shanghaïenne. Issu des qualifications, le Monégasque, non content d’être devenu le premier joueur de la Principauté à remporter une finale sur le circuit principal, est aussi à 26 ans, le plus mal classé (204e) à s’imposer en Masters 1 000.
De quatre ans son aîné, le Varois (54e) ne sera pas, quant à lui, le premier Français à s’imposer dans cette catégorie de tournois – la plus prestigieuse après les quatre levées du Grand Chelem – depuis Jo-Wilfried Tsonga, vainqueur à Toronto en 2014. Huit Français seulement ont disputé une finale de Masters 1 000 depuis la création de cette catégorie de tournois en 1990. Le dernier en date est Ugo Humbert, sèchement battu à Paris-Bercy par Alexander Zverev il y a un peu moins d’un an.
Conséquence logique de leur belle fortune dans le Qi Zhong Tennis Center, les deux cousins vont atteindre lundi le meilleur classement de leur carrière. Grâce à son bond à l’ATP, Valentin Vacherot, futur 40emondial, a, grâce à sa victoire, déjà gagné plus de prize money – gains en tournois – à Shanghaï qu’il n’en avait accumulé jusque-là en carrière (près de 600 000 dollars, soit plus de 515 000 dollars).
Le « conte de fées » – dixit Vacherot – des cousins en Chine est aussi l’histoire d’une belle revanche sur le destin. Les deux géants, qui flirtent avec le double mètre sous la toise, n’avaient pas été retenus dans leur jeunesse par les instances fédérales du tennis français. Jugés pas assez bons. Arthur et Valentin se sont alors exilés aux Etats-Unis pour leurs études, à l’université Texas A & M, de 2014 à 2018 pour le premier parti en éclaireur, de 2017 à 2021 pour le second. Là, ils fourbissent leurs armes sur le relevé circuit universitaire américain avant de se frotter aux tournois ATP. Arthur Vacherot récolte aujourd’hui les dividendes des sacrifices passés.