Après avoir signé, en mars 2024, un accord avec OpenAI, Le Monde a annoncé, le 13 mai, la signature avec la société Perplexity d’un nouvel accord dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Fondée à San Francisco en 2022, Perplexity est aujourd’hui l’une des références incontournables de cette industrie naissante. Son produit principal est un « moteur de recherche augmenté », aussi appelé moteur de réponse. Au lieu de fournir une liste de liens, le moteur de réponse utilise des modèles de langage d’IA pour analyser les questions posées en langage naturel et y apporter des réponses sur mesure, enrichies de liens vers les sources qui ont été utilisées.

En signant cet accord avec Perplexity, Le Monde rejoint d’autres éditeurs internationaux tels que Der Spiegel, Prisa (El Pais), ou Time Magazine.

A la différence de l’accord signé avec OpenAI, l’accord pluriannuel conclu avec Perplexity ne prévoit pas l’utilisation de nos contenus pour entraîner un LLM (Large Language Model, « grand modèle de langage »). Il s’applique seulement à l’utilisation de nos contenus pour répondre aux questions posées (output). Il permettra à la fois aux utilisateurs de Perplexity.ai de trouver la source, le cas échéant, des réponses dans la production éditoriale du Monde mais aussi à notre titre d’attirer une nouvelle génération de lecteurs, d’ores et déjà très tournée vers l’usage de ces technologies. Chaque fois que le moteur de réponse utilisera un article du Monde pour élaborer sa réponse, un lien vers l’article en question sera inséré, ce qui nous assurera une nouvelle forme de visibilité.

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En outre, cet accord nous donne accès à Sonar, un moteur de réponse qui sera progressivement déployé, dans le mois qui vient, sur notre site et sur nos applications. Cette nouvelle fonctionnalité permettra ainsi aux lecteurs du Monde de disposer d’une expérience de recherche complémentaire de celle que donne un moteur de recherche classique. Concrètement, nos lecteurs auront la possibilité de formuler dans ce moteur des requêtes en langage naturel, dont les réponses seront recherchées exclusivement à partir des contenus du Monde. Cette intégration est subordonnée par contrat à la fiabilité et à la pertinence de ces réponses. Elle serait évidemment retirée si elle n’était pas en capacité de répondre pleinement à ces critères. Il va de soi que ce nouvel accord, comme les précédents que nous avons pu contracter, n’entravera en rien la liberté d’enquêter de nos journalistes, sur le secteur de l’IA en général et sur Perplexity en particulier.

Nous sommes convaincus que cet accord, une nouvelle fois non exclusif, présente un intérêt majeur pour Le Monde, ses lecteurs et abonnés, et plus largement pour le secteur de l’information en ligne. Comme l’accord signé précédemment avec OpenAI, il rémunère Le Monde pour le référencement de ses contenus et reconnaît explicitement la valeur de cette production ainsi que la nécessité de signer un accord pour référencer nos contenus. Ce faisant, il crée, après OpenAI, un deuxième précédent à un moment où l’ensemble des éditeurs de presse se battent pour faire valoir leurs droits et ceux de leurs journalistes alors que nombre de plateformes numériques et d’acteurs de l’intelligence artificielle sont soupçonnés de faire fi du droit d’auteur et de celui des éditeurs de presse.

Un enjeu croissant

A ce jour, seul éditeur français à avoir conclu un accord avec OpenAI, Le Monde assume volontiers ce rôle de pionnier dans cette révolution qui nous force à repenser nos usages tout en défendant fermement nos droits. Depuis la signature du partenariat avec OpenAI, Le Monde a exploré les possibilités de partenariats avec les principaux acteurs de l’intelligence artificielle. L’accord signé avec Perplexity s’inscrit dans cette dynamique : il découle de notre volonté de développer le référencement de nos contenus chez ces acteurs, un enjeu croissant, tout en veillant à la protection de nos droits et en assurant une juste rétribution pour l’utilisation de nos contenus. Complémentaire de l’accord signé avec OpenAI, le partenariat avec Perplexity contribue à améliorer la qualité des informations fournies aux utilisateurs de ces sites et applications. Il contribuera aussi à développer des outils innovants pour le lectorat du journal.

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Nous avons, d’emblée, souhaité qu’aucun accord signé par Le Monde avec ces acteurs de l’intelligence artificielle ne soit exclusif, afin de continuer à explorer des possibilités, en espérant vivement que les acteurs français et européens rejoignent cet élan et veillent ainsi au respect du droit d’auteur. Créé à l’initiative de Beaumarchais en 1791, ce droit d’auteur est un des fondements de notre secteur. Il serait paradoxal que seules des sociétés américaines signent de tels accords à la fois protecteurs et rémunérateurs pour les éditeurs. Il serait naturel et vertueux que ces acteurs européens, nés sur un continent qui a fondé ce droit, s’inscrivent à leur tour dans cette logique essentielle pour l’économie de notre secteur. C’est, nous l’espérons, la prochaine étape de cette révolution.

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