Le prix Nobel d’Economie décerné à Philippe Aghion a mis en exergue le rôle crucial de l’innovation technologique sur la croissance économique. Mais prenons garde : l’innovation à tous crins n’est pas toujours une avancée.
Prenons ChatGPT-5 et l’iPhone 17, lancés sur le marché au cours des derniers mois. La dernière version de l’intelligence artificielle générative d’OpenAI promet un meilleur raisonnement logique, une multimodalité élargie et une rapidité accrue ; la nouvelle édition du plus célèbre des smartphones propose quant à elle un écran légèrement plus lumineux, une double caméra arrière optimisée dans un contexte de faible éclairage, et rend possible un enregistrement simultané des caméras avant et arrière. Pour l’immense majorité des usages cependant, dans un cas comme dans l’autre, aucune différence n’est réellement perceptible par les utilisateurs ; les propositions relèvent davantage du domaine des bénéfices symboliques (avoir ou utiliser le modèle dernier cri) que des bénéfices liés à l’usage.
Pas étonnant, dès lors, que le Baromètre européen de l’innovation responsable montre que seulement un peu plus de la moitié des Français pensent que les sciences et technologies « rendent leur vie plus facile, plus confortable et les font vivre en meilleure santé ». La fabrication d’un nouveau smartphone nécessite par exemple l’extraction d’une cinquantaine de métaux différents. Or la fabrication des terminaux (téléphones, ordinateurs, téléviseurs…) représente, en 2025, près de 50 % de l’impact environnemental total du numérique.
Dégâts collatéraux
Quant à ChatGPT-5, selon une étude récente de l’université de Rhode Island, il utilise en moyenne 18 wattheures (Wh) par réponse fournie, soit l’équivalent du fonctionnement d’une ampoule à incandescence pendant dix-huit minutes, pour des usages parfois purement anecdotiques. L’impact écologique de l’usage des nouvelles technologies est donc souvent trop élevé pour que l’on puisse réellement parler de progrès technologique. Mais malgré leur faible valeur ajoutée fonctionnelle, ces innovations rencontrent pourtant un succès réel. Comment l’expliquer ?
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