August Wittgenstein (Markus Vogler), Gustav Lindh (David Howard) et Frida Gustavsson (Marianne Vogler) dans la série « Infidèles », de Thomas Alfredson.

Tel Hamlet, son voisin méridional, le cinéaste suédois Tomas Alfredson doit composer avec un spectre paternel, celui d’Ingmar Bergman (1918-2007). Il n’est pas le seul, l’ombre du maître de Faro s’étend sur tous les cinéastes scandinaves, qu’ils essaient d’y échapper (Ruben Östlund) ou de s’y tailler leur propre royaume (Joachim Trier).

Tomas Alfredson – qui a réalisé Morse (2009) et La Taupe (2012) pour le cinéma – a choisi de dialoguer avec le fantôme. Infidèles est adapté d’un scénario écrit par Bergman, que Liv Ullmann, actrice et un temps compagne de l’auteur de Scènes de la vie conjugale (1973), a tourné et présenté à Cannes en 2000. En France, ce long-métrage était sorti sous le titre d’Infidèle, au singulier. Le pluriel adopté pour la version sérielle que diffuse Arte dit bien l’inflexion qu’Alfredson et sa scénariste Sara Johnsen ont voulu imposer au récit original.

Le point de vue unique de l’auteur du scénario, qui s’exprimait à travers un personnage de réalisateur rongé par le remords né d’un adultère commis des décennies auparavant, se diffracte en un arc-en-ciel de souffrances, qui tordent la vie des amants, du mari trompé et de l’enfant. L’exercice est périlleux, il est mené avec une rigueur encore accentuée par la déférence qu’Alfredson témoigne à l’égard de Bergman, au risque de la raideur. Mais, au fil des épisodes, la méthode porte ses fruits, laissant sourdre, à travers l’élégance parfois glaciale de la mise en scène, la douleur, l’angoisse et la culpabilité – sentiments et sensations bergmaniens –, mais aussi une étincelle d’espoir.

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