Il y a trente ans, l’état déplorable des finances publiques imprégnait déjà l’action du gouvernement Juppé : il fallait stopper l’envol de la dette. Au sens de Maastricht, le déficit de 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 1994 (autour de 6 % en 2024) se devait d’être ramené au plus proche de 5 % (in fine ce fut 5,1 %) dès 1995 (objectif du gouvernement pour 2025 : 5,4 %). Le plan Juppé pour les retraites était une des pierres centrales pour une amélioration de long terme.

En attendant, comme ses collègues, le quadragénaire François Bayrou devait trouver des sources d’économies. Outre la présidence du conseil général [conseil départemental depuis 2013] des Pyrénées-Atlantiques, il disposait du vaste portefeuille de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ses coupes ont été limitées dans l’enseignement primaire et secondaire public et privé, essentiellement catholique. Ce sont donc la recherche et l’enseignement supérieur qui ont donné une crédibilité budgétaire au superministre.

La nouvelle méthodologie de l’Institut national de la statistique et des études économiques [Insee] de ventilation des dépenses publiques permet d’isoler proprement celles de l’enseignement supérieur depuis 1995. Selon les chiffres publiés fin janvier, la France y consacrait un petit 0,61 % du PIB en 1995 ; en 1997, elles ne pesaient plus que 0,55 % du PIB.

Attrition du public

Sur le versant recherche, les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] permettent d’avoir un regard sur la France et ses partenaires. Les dépenses intérieures de recherche et développement [R&D] de l’Etat français ont sensiblement diminué sous le ministère Bayrou. Cette attrition du public n’a pas été compensée par une poussée du privé. Au contraire : l’affaiblissement du premier entraîne celui du second. Au total, l’effort de R&D de la France est passé de 2,27 % du PIB en 1994 à 2,15 % en 1997 (il était de 2,18 % en 2022).

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