L’emploi en France a fortement ralenti fin 2024, et l’incertitude autour de l’ampleur et la nature de l’ajustement budgétaire en 2025 ne devrait pas favoriser une reprise rapide du marché du travail. Dans cette conjoncture délicate, qui s’accompagne également de la fin de l’épisode inflationniste, le groupe d’experts que nous formons recommande de s’en tenir à la revalorisation anticipée de 2 % du smic intervenue au 1er novembre 2024, et de ne pas aller au-delà le 1er janvier 2025.

Il faut rappeler que, depuis fin 2020, le smic a augmenté de 17 %, un peu plus que l’inflation (15 %), protégeant ainsi efficacement le pouvoir d’achat des salariés concernés. Il représente désormais 62 % du salaire médian, la France étant un des seuls pays, avec le Portugal et la Slovénie, à dépasser le seuil de 60 % recommandé par l’Union européenne. Le salaire de base de l’ensemble des salariés n’a, quant à lui, progressé que de 12 %, car les négociations salariales sont allées moins vite que le rythme imposé par la formule d’indexation du smic.

Cette formule prévoit que le smic soit revalorisé chaque année de l’inflation (calculée pour les 20 % des ménages les moins aisés), mais aussi de la moitié des gains de pouvoir d’achat de l’ensemble des ouvriers et des employés.

De surcroît, dès que l’inflation, depuis la dernière hausse du smic, dépasse 2 %, une revalorisation immédiate s’impose. Le smic a ainsi été relevé neuf fois depuis la fin 2020.

Un mouvement de détente

Pour l’année 2024, cette même formule aboutit à une hausse de 1,97 %, dont 1 % au titre de l’inflation et 0,97 % au titre du pouvoir d’achat – une première depuis 2021. Cette revalorisation est en principe applicable au 1er janvier 2025, mais on doit déduire les hausses intervenues en cours d’année. Or, le smic a été augmenté de 2 % au 1er novembre « par anticipation ». Donc il n’y aura pas de hausse supplémentaire au 1er janvier en l’absence de coup de pouce.

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Lorsque le smic progresse plus vite que les autres salaires, comme cela a été le cas ces dernières années, l’échelle des salaires se compresse. De nombreux salariés sont « rattrapés » par le smic, et les perspectives de progression salariale se réduisent, ce qui nourrit un sentiment de déclassement.

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