Histoires Web mardi, décembre 23
« Il faut refuser la banalisation des atrocités au Soudan »

Au Soudan, les massacres, y compris ceux commis sur des bases ethniques, survenus au début de la guerre [en avril 2023] auraient dû choquer le monde entier et pousser à l’action. Ce ne fut pas le cas, et d’autres massacres ont suivi. Au cours des deux derniers mois, les [paramilitaires des] Forces de soutien rapide (FSR) ont commis des atrocités dans la ville d’El-Fasher, au Darfour, assiégée pendant plus de cinq cents jours. Elles ont massacré, torturé et sommairement exécuté des civils en masse. Les images satellites et les récits de survivants font état de scènes de barbarie.

Ceux qui ont réussi à s’échapper et qui ont pu rejoindre la ville de Tawila, située à 60 kilomètres à l’ouest, sont profondément traumatisés. Selon les témoignages de survivants soignés par les équipes de Médecins sans frontières (MSF), les tueries ont touché massivement des civils, et ont ciblé en particulier certains groupes ethniques. Des femmes ont rapporté avoir été victimes ou témoins de viols ; des enfants sont arrivés, terrifiés, seuls, dans les bras d’inconnus. Ces rescapés étaient déjà brisés par le siège de la ville, si affamés qu’ils ont été contraints de manger des aliments pour animaux.

Beaucoup d’autres survivants sont toujours bloqués ou portés disparus alors que la violence sans limites qui a balayé la ville se poursuit. Plusieurs milliers de personnes demeurent détenues, retenues contre rançon. Mes collègues soudanais soignent des patients alors qu’ils n’ont plus de nouvelles de leurs proches qui étaient à El-Fasher.

Lire le récit | Article réservé à nos abonnés Au Soudan, les familles brisées d’El-Fasher racontent le massacre : « Les FSR tuaient les gens à bout portant dans leurs maisons »

Loin d’être le fait d’actions individuelles de commandants des FSR, les atrocités de masse culminant à El-Fasher ont fait partie d’une campagne délibérée visant à affamer, déplacer de force et tuer des civils, souvent selon des critères ethniques. Les FSR, qui, selon des rapports d’organisations internationales et de médias, sont soutenues par les Emirats arabes unis, portent la responsabilité des crimes qu’elles ont commis à El-Fasher. Elles doivent immédiatement mettre fin aux atrocités de masse, aux tueries, au ciblage ethnique et permettre aux survivants de se déplacer librement.

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