Depuis le traité de Maastricht, l’Europe est devenue un sujet de politisation marqué par des soutiens et des contestations fortes des sociétés nationales. Un nombre incalculable de livres et d’articles montre que la construction européenne ne peut plus être une simple affaire d’experts.

Les responsables politiques nationaux n’ont donc plus d’autre choix que de s’expliquer sur l’Europe. Le processus d’élargissement de l’Union européenne (UE) à six pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro et Serbie), ainsi qu’à l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, semble pourtant totalement contredire ce constat.

Laissons de côté le cas du Kosovo, de même que celui compliqué de la Turquie, dont les négociations sont soit gelées, soit n’ont pas débuté. Mais, pour les autres pays, un travail régulier se déroule entre l’Union européenne et les pays candidats, matérialisé par la négociation de chapitres.

Elargissement et approfondissement, deux processus séparés

Les Etats candidats travaillent, avec un dynamisme plus ou moins intense, à l’adaptation de leurs législations nationales à l’entrée dans l’Union européenne. Ils reçoivent des fonds conséquents à cet effet. L’un d’entre eux, le Monténégro, a procédé, à l’été 2024, à la clôture intermédiaire de ses chapitres relatifs à l’Etat de droit. De même, la Commission a publié, en octobre 2024, son document stratégique annuel sur la politique d’élargissement.

Et pourtant, peu pour ne pas dire aucun commentaire de responsables politiques et de la presse n’a été remarqué sur un sujet aussi fondamental pour l’avenir du continent européen. Laissons de côté la vieille antienne consistant à opposer l’élargissement à l’approfondissement. Aucune preuve scientifique n’a jamais démontré que les élargissements passés successifs ont ralenti l’approfondissement de l’Union européenne.

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Cette théorie des vases communicants, qui a toujours eu un certain succès en France, est utilisée par les élites politiques qui n’aiment pas l’Europe ou qui rêvent d’une impossible fédération ouest-européenne. Si la construction européenne avance sans grand saut qualitatif depuis le projet de la monnaie unique, c’est d’abord et avant tout parce que les sociétés des Etats membres sont devenues plus réticentes. L’élargissement et l’approfondissement sont à l’évidence deux processus séparés.

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