En quelques mois, l’Union européenne (UE) a perdu l’ensemble des atouts qui lui ont permis, des décennies durant, de développer un modèle économique d’exportation industrielle. L’Europe n’a plus accès aux énergies fossiles bon marché de la Russie, ni au parapluie sécuritaire offert par les Etats-Unis et l’OTAN, et doit faire face à un multilatéralisme et à une économie de libre-échange fragilisés.

Plus encore, les atouts d’hier sont devenus les obstacles d’aujourd’hui : la guerre en Ukraine oblige l’UE à augmenter considérablement les dépenses militaires ; l’allié transatlantique se transforme en une hostile forteresse ; la Chine, en compétiteur commercial féroce. Le multilatéralisme, les institutions et le droit internationaux ont cédé leur place à la force brute décomplexée.

L’Europe souffre, en outre, de deux handicaps géologiques pour son industrie : elle ne possède ni suffisamment de ressources énergétiques, ni de minerais critiques, ce qui la rend structurellement dépendante d’autres puissances.

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L’UE a longtemps su utiliser le commerce international et son vaste marché intérieur comme des leviers de soft power. L’« effet Bruxelles » lui a permis de peser sur l’agenda politique international : lutte contre le réchauffement climatique, gestion des substances chimiques industrielles, règlement général sur la protection des données, peut-être encore règlement sur l’intelligence artificielle)… Ce levier semble désormais voué à une lente érosion, au rythme de celle du multilatéralisme.

Rattraper les Etats-Unis et la Chine

La réaction à ce qui pourrait être les prémices d’un déclin est, pour le moment, faite d’ajustements économiques, sécuritaires et commerciaux. Une Europe plus sûre et plus compétitive est le nouveau leitmotiv, comme l’expliquent les rapports Niinistö et Draghi, qui font la part belle à la sécurité économique, au contrôle des investissements étrangers et au renforcement des frontières.

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La compétitivité à l’exportation est elle aussi un outil de premier plan : la Commission propose aujourd’hui de centrer son cadre budgétaire 2028-2034 sur cet objectif, via un fonds pour la compétitivité doté de 409 milliards d’euros et le doublement du budget du programme de soutien à la recherche Horizon Europe.

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