La science moderne s’appuie sur des échanges mondiaux intenses, souvent exprimés dans une langue dominante, ce qui crée des inégalités dans la diffusion comme dans la production des connaissances. Les publications anglophones sont largement privilégiées, limitant l’accès à des travaux rédigés dans d’autres langues.

Pour garantir la diversité des recherches et un meilleur ancrage culturel, il est essentiel de promouvoir le plurilinguisme dans la conversation scientifique. La diversité linguistique permet de mieux adapter les recherches aux réalités locales, mais elle est menacée par l’arbitraire unilingue des plateformes scientifiques.

En 2019, l’initiative d’Helsinki – signée par plus de 350 institutions de recherche représentant quarante pays – a déjà rappelé l’importance d’inclure les langues locales dans la diffusion et la valorisation des savoirs. Le français, en particulier, reste une langue essentielle pour les chercheurs et les enseignants-chercheurs francophones. Maintenir une francophonie scientifique dynamique est crucial pour transmettre des connaissances adaptées aux enjeux contemporains.

Diffusion plus difficile

Cependant, un dilemme persiste : l’unilinguisme simplifie la communication globale, mais limite la diversité des approches, tandis que le multilinguisme enrichit la recherche, mais rend la diffusion plus difficile.

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La traduction automatique neuronale et l’intelligence artificielle offrent aujourd’hui une solution probante. Ces outils permettent de communiquer dans une langue et d’être compris dans une autre, facilitant ainsi l’accès aux savoirs dans plusieurs langues, sans restreindre leur diffusion internationale.

Il est aussi nécessaire de corriger les biais des outils numériques actuels, qui favorisent l’anglais, singulièrement dans la recherche scientifique. Il est urgent d’investir dans des technologies qui intègrent mieux d’autres langues, comme le français, afin d’assurer une représentation plus équitable.

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C’est l’objectif du partenariat signé en 2024 entre la France et le Québec pour une « découvrabilité des contenus scientifiques ». Il devra s’agir d’une démarche volontariste visant, d’une part, à améliorer leur visibilité et leur repérage sur la Toile et, d’autre part, à développer des dispositifs de publication et de diffusion plurilingues qui permettront d’y renforcer leur présence et même de l’accroître.

Un espace scientifique numérique francophone

Ce partenariat, soutenu par un comité scientifique réunissant des institutions francophones spécialisées, a aussi pour but de créer un espace scientifique numérique francophone, ouvert à tous, que l’on soit dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud. Les outils de traduction automatique, de synthèse de texte ou encore de génération de métadonnées rendent très accessibles les objectifs de ce projet en faveur de la transmission et de l’appropriation des savoirs.

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