
Quand on arrive à Tunis, l’œil est irrésistiblement attiré par cette masse grise, aux allures de rapace prêt à s’élancer au-dessus de la ville. Posé sur l’avenue Mohamed-V, à l’extrémité de l’avenue Habib-Bourguiba, l’hôtel du Lac domine le paysage urbain.
Mais, depuis son abandon au début des années 2000, le bâtiment, devenu une icône du style brutaliste avec ces dix étages en forme de pyramide inversée, est entré dans une longue agonie. Au point d’être aujourd’hui menacé de disparition.
Au cours des dernières semaines, la rumeur de sa démolition a gagné les cafés, les réseaux sociaux et les cercles d’architectes. En cause : l’apparition de palissades autour de l’édifice, puis, début septembre, des ouvriers sur le toit, des fenêtres déposées, la toiture partiellement démontée.
Aucun panneau n’annonce la nature des travaux, contrairement à la réglementation en vigueur. Une absence de transparence qui ne fait qu’exacerber les tensions autour de ce monument qui attise les passions.
« Rompre avec l’architecture coloniale »
L’histoire de l’hôtel du Lac remonte aux lendemains de l’indépendance. Habib Bourguiba, premier président de la République tunisienne, veut inscrire Tunis dans la modernité. Dans les années 1960, il imagine de nouveaux équipements hôteliers et le réaménagement de l’ancienne esplanade Gambetta, rebaptisée avenue Mohamed-V. Le projet est confié à la Société hôtelière et touristique de Tunisie (SHTT), créée en 1959 pour structurer un secteur encore balbutiant.
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