« La balle est dans le camp du Hamas » pour conclure un accord sur une trêve dans la bande de Gaza, a fait savoir, mardi 14 janvier, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, alors que la guerre entre Israël et le mouvement palestinien a fait des dizaines de milliers de morts en quinze mois. « Si le Hamas l’accepte, l’accord est prêt à être conclu et mis en œuvre », a-t-il ajouté quelques heures après que le Qatar a affirmé que les discussions sur cet accord étaient au « stade final ».
Le Qatar, le principal pays médiateur avec les Etats-Unis et l’Egypte, assure que les « principaux problèmes » bloquant un accord ont été réglés. « Nous n’avons jamais été aussi proches du but, mais pour l’instant nous attendons que le Hamas accepte le projet. Et tant qu’il ne l’aura pas fait, nous resterons sur le qui-vive », a affirmé le secrétaire d’Etat américain, tout en disant « penser » qu’un accord de trêve sera bien conclu.
Les pourparlers en cours au Qatar se déroulent avec le Hamas et les négociateurs israéliens présents dans deux salles séparées ; « un dernier cycle » devait commencer mardi, selon une source proche des pourparlers. Depuis le début de la guerre, une seule trêve d’une semaine a été observée – à la fin de novembre 2023 – et les négociations menées depuis lors se sont heurtées à l’intransigeance des deux camps.
Washington estime par ailleurs qu’une fois l’accord de trêve conclu Israël devra accepter une voie vers la création d’un Etat palestinien qui soit soumise à un calendrier et à des conditions, a déclaré le chef de la diplomatie américaine sortant. « Israël devra accepter la réunification de la bande de Gaza et de la Cisjordanie sous la direction d’une Autorité palestinienne réformée », a expliqué Antony Blinken. « Tous devront s’engager sur la voie de la formation d’un Etat palestinien indépendant, dans le respect des conditions et des délais impartis. »
« Une trêve, c’est aussi la première étape vers une solution politique, qui est celle de la solution à deux Etats » palestinien et israélien, a estimé, pour sa part, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, dans une interview au média Brut. M. Barrot a rappelé que deux otages franco-israéliens, Ohad Yahalomi et Ofer Kalderon, faisaient partie des dizaines d’otages encore détenus dans la bande de Gaza. « Nous n’avons pas d’informations précises sur le sort » des deux franco-israéliens, « nous espérons qu’ils puissent nous revenir au plus vite », a-t-il ajouté.
L’Autorité palestinienne devra gérer l’après-guerre à Gaza
A Washington, le secrétaire d’Etat américain a estimé que l’Autorité palestinienne devait gérer l’après-guerre dans la bande de Gaza, avec un rôle provisoire pour l’ONU et des partenaires étrangers. « Nous pensons que l’Autorité palestinienne doit inviter des partenaires étrangers à l’aider à mettre en place et gérer une administration intérimaire chargée des principaux secteurs civils à Gaza », a déclaré M. Blinken, dévoilant ainsi les contours d’un plan pour gérer l’après-guerre.
« La perspective d’une normalisation [des relations] entre Israël et l’Arabie saoudite constitue la meilleure occasion de parvenir au but longtemps recherché par Israël, sa plus grande intégration » dans le Moyen-Orient, a affirmé M. Blinken. « C’est aussi la meilleure des motivations pour que les parties prennent les décisions difficiles nécessaires à la pleine réalisation des aspirations des Israéliens comme des Palestiniens. »
A une semaine de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les négociations indirectes se sont intensifiées à Doha en vue d’une trêve associée à une libération d’otages retenus à Gaza depuis l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol d’Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.
Israël multiple depuis cette date les attaques dans la bande de Gaza, principalement à Deir Al-Balah (centre), à Rafah (Sud) et dans la ville de Gaza (Nord), où au moins 18 personnes, dont des enfants, ont été tuées, durant les dernières vingt-quatre heures, selon les secours locaux. Au total, au moins 61 personnes ont péri en une journée, selon le ministère de la santé du Hamas.
Deux cent cinquante et une personnes avaient été enlevées lors de l’attaque du 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1 210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse basé sur des données officielles.
Au moins 46 645 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles dans la bande de Gaza, en proie à un désastre humanitaire, selon les données du ministère de la santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.