La politique commerciale erratique du président américain Donald Trump donne des sueurs froides aux acteurs du transport maritime et de la logistique. Alors que les Etats-Unis et la Chine ont levé, mercredi 14 mai, l’essentiel des lourds droits de douane qu’ils s’imposaient mutuellement pour une période de quatre-vingt-dix jours, l’inquiétude demeure sur le secteur. Et pour cause, l’annonce par M. Trump, le 2 avril, du « liberation day », puis l’escalade des taux de droits de douane entre les deux puissances ont provoqué un plongeon du commerce mondial et un chamboulement des chaînes d’approvisionnement. Une crise qui ressemble à bien des égards à celle du printemps 2020, lorsque la pandémie due au Covid-19 mettait le monde à l’arrêt, du moins sur l’axe sino-américain. Et qui laissera des traces.

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« A cause des droits de douane américains et de l’incertitude, nos clients ont tout arrêté en sortie de Chine. Ils ont préféré retarder leurs commandes ou leurs importations », relate Philip Damas, l’un des dirigeants de Drewry, un cabinet britannique dont les données font référence dans le secteur. Avec, dans la foulée, une chute des marchandises transportées. « On a perdu 50 % de nos volumes à destination des Etats-Unis (…). C’est énorme », a expliqué Rodolphe Saadé, le PDG du groupe français CMA CGM, lors d’une audition, lundi 12 mai, devant une commission parlementaire.

L’effondrement de la demande a été si violent que les armateurs ont annulé une centaine de traversées entre avril et mai, essentiellement entre la Chine et les Etats-Unis, estime Drewry. Ce qui représente, en avril, une baisse de l’ordre de 20 % des capacités transportées sur cet axe. Avec un effet de bord délétère pour les exportations américaines qui ne disposent plus de bateaux et de conteneurs vides sur leurs côtes pour exporter leurs produits agricoles, remarque M. Damas.

Encaisser le choc

Résultat : les ports américains et toute l’économie qui va avec se sont mis à tourner au ralenti. Début mai, le port de Los Angeles estimait recevoir 35 % de marchandises en moins qu’un an auparavant. A deux pas, celui de Long Beach tablait sur une chute de 30 % des importations sur l’ensemble du même mois. Dans les deux cas, les annulations de navires se comptaient par dizaines. Car outre l’embargo de fait entre les deux premières puissances économiques mondiales, la hausse des droits de douane de 10 % sur les produits d’une multitude de pays se faisait aussi sentir.

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