
Des attaques de drones ont visé, mardi 9 septembre, des installations militaires, une raffinerie et une centrale électrique dans la région de Khartoum, contrôlée par l’armée depuis mai et calme depuis, selon des témoins joints par l’Agence France-Presse (AFP) et des responsables. Ce regain de violence dans une région en cours de reconstruction survient quatre mois après la reprise de la capitale par l’armée aux dépens de ses rivaux, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Les attaques, menées mardi vers 5 heures, ont visé le complexe militaire de Yarmouk, la raffinerie de Khartoum et une centrale électrique, selon des témoins et des images postées sur les réseaux sociaux que l’AFP n’était pas en mesure de vérifier dans l’immédiat.
Des témoins ont déclaré que des drones avaient visé le complexe militaro-industriel de Yarmouk, dans le sud de Khartoum, où se trouve une importante usine d’armes. De puissantes explosions ont été entendues dans le secteur.
Quatre drones ont visé la station électrique d’Al-Markhiyat, située à Omdourman, ville voisine de Khartoum située sur l’autre rive du Nil, et provoqué un incendie mardi avant l’aube, selon des témoins joints par l’AFP. Des images de la structure en flammes circulaient sur les réseaux sociaux. L’attaque a provoqué des dégâts mineurs, a indiqué à l’AFP une source au sein de la compagnie nationale électrique qui a requis l’anonymat. Par ailleurs, trois drones venus de l’ouest ont visé la raffinerie située à Bahri, ville du nord de l’Etat de Khartoum, selon un autre témoin, qui a fait état d’explosions.
Programme de reconstruction
La base aérienne de Wadi Seidna, dans le nord-ouest de la capitale, a également été visée, selon une source militaire jointe par l’AFP. « La défense au sol a intercepté et abattu les drones qui visaient la base », a déclaré cette source. Une autre attaque de drone a touché un bâtiment de l’armée à Kafouri, près de Bahri, et fait des blessés dans les rangs de l’armée et des dégâts, selon une autre source militaire jointe par l’AFP sous le couvert de l’anonymat.
Les différentes sources n’ont pas précisé qui était derrière les attaques de drones. Mais l’armée a repris cette année, lors d’une série d’offensives, le centre du pays, repoussant les FSR vers le Darfour, vaste région de l’ouest du pays, et vers certaines zones du Sud-Kordofan. Le gouvernement formé par les militaires avait lancé ces dernières semaines un programme de reconstruction de la capitale, où plus de 600 0000 Soudanais ont commencé à revenir après avoir fui les combats, selon les chiffres de l’ONU. Le but des autorités est de revenir le plus vite possible à la situation qui prévalait avant la guerre, avant que le pouvoir ne se replie à Port-Soudan, grand port situé au bord de la mer Rouge.
La guerre, déclenchée en avril 2023, a tué des dizaines de milliers de personnes et déraciné plus de 14 millions d’autres, à l’intérieur du territoire et au-delà des frontières. Si la situation semblait stabilisée dans la région de Khartoum et de Port-Soudan, les combats sont restés féroces au Kordofan et au Darfour. A El-Fasher, capitale du Darfour du Nord assiégée depuis mai 2024, les FSR mènent leurs attaques les plus violentes depuis le début du conflit. Des centaines de morts ont été recensés ces derniers mois. Le conflit a plongé le troisième plus vaste pays d’Afrique dans « la pire crise humanitaire au monde », selon l’ONU.