A l’orée des vacances scolaires, un millier de vols sont annulés, vendredi 4 juillet, en particulier dans les aéroports parisiens, au deuxième jour d’une grève des contrôleurs aériens. Selon la direction générale de l’aviation civile (DGAC), le taux de grévistes s’est établi à 26,2 % jeudi, 272 contrôleurs (sur le millier de personnels de service) ayant pris part au mouvement.
Le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, l’UNSA-ICNA (17 % des voix aux dernières élections professionnelles), a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l’USAC-CGT (16 %).
Une réforme est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un « incident grave » à l’aéroport de Bordeaux à la fin de 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête avait conclu à la responsabilité de l’organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service.
Parmi les griefs de l’UNSA-ICNA figurent « un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l’été », des outils obsolètes et « un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés ». Le premier syndicat d’aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60 % des voix), n’a pas appelé à la grève.
« Inacceptable » pour le ministre des transports
« Il faut se rendre compte qu’hier et aujourd’hui 272 personnes dans notre pays vont impacter le bien-être de plus de 500 000 personnes. C’est inacceptable », a déclaré vendredi matin, sur CNews, le ministre des transports, Philippe Tabarot. Des centaines de milliers de personnes ont déjà été affectées, jeudi, en France et en Europe par ce mouvement social.
Environ 1 000 vols sont annulés vendredi, au départ de la France ou à l’arrivée, selon la DGAC, contre 933 jeudi. « Une catastrophe », a dénoncé vendredi Laurent Abitbol, président du directoire des agences de voyages Selectour, sur France Inter. « J’ai beaucoup de clients qui sont bloqués dans le monde entier (…). Ce sera beaucoup d’argent perdu pour nos agents », a-t-il ajouté. Jeudi, le premier ministre, François Bayrou, avait jugé cette grève « choquante », accusant les grévistes de « prendre en otage les Français » le jour où « tout le monde part en vacances ».
Les effets du mouvement se font sentir au-delà des frontières nationales : Airlines for Europe (A4E), principale association européenne de compagnies aériennes, a estimé qu’en Europe 1 500 vols étaient annulés jeudi et vendredi, « affectant presque 300 000 passagers » sur le Vieux Continent.
« Cette grève est intolérable. Le contrôle aérien français est déjà responsable des retards parmi les pires en Europe, et maintenant les agissements d’une minorité d’aiguilleurs du ciel français vont perturber les projets de vacances de milliers de personnes en France et en Europe », a affirmé la directrice générale d’A4E, Ourania Georgoutsakou.
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Jeudi, des vols maintenus ont accusé d’importants retards, en particulier à Nice et Marseille. A4E a chiffré à « quasi 500 000 minutes » cumulées jeudi les retards en Europe, sur près de 33 000 trajets commerciaux, de nombreux avions empruntant l’espace aérien français sans forcément atterrir dans le pays.
La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a annoncé, jeudi, avoir dû annuler 400 vols, affectant 70 000 passagers. Son directeur général, Michael O’Leary, familier des coups d’éclat, a dénoncé une situation provoquée « par un faible nombre de contrôleurs aériens français participant à des grèves récréatives » et exhorté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à réformer le contrôle aérien en Europe ou, à défaut, à démissionner.
La compagnie Air France a confirmé avoir été « contrainte d’adapter son programme de vols », sans préciser le nombre d’annulations, mais a souligné que tous les long-courriers étaient « maintenus » jeudi et vendredi. « La grève de trop » dans un contexte « problématique de performance globale médiocre de la navigation aérienne française pénalisant particulièrement les compagnies basées en France », a dénoncé vendredi la Fédération nationale de l’aviation civile.