La situation restera compliquée, vendredi 4 juillet, pour ceux qui ont prévu de voyager par avion : des centaines de vols vont encore être annulés, en particulier dans les aéroports parisiens, au deuxième jour d’une grève des contrôleurs aériens.

Des centaines de milliers de personnes ont déjà été affectées jeudi en France et en Europe par ce mouvement social, déclenché par deux syndicats minoritaires qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail et des effectifs plus importants.

La direction générale de l’aviation civile (DGAC) a chiffré à 933 le nombre de vols supprimés jeudi au départ ou à l’arrivée de la France, soit environ 10 % des vols initialement prévus. Localement, ces taux ont été bien plus élevés : 50 % à Nice, troisième aéroport français, et 25 % à Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, où transitent 350 000 personnes par jour au total en période estivale.

Vendredi, jour de grands départs, la DGAC a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols de 40 %, ce qui promet une situation encore plus tendue dans les aéroports parisiens.

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François Bayrou fustige une grève « choquante »

Le premier ministre, François Bayrou, a jugé cette grève « choquante ». « C’est prendre en otage les Français que de choisir le jour où tout le monde part en vacances pour faire une grève du contrôle aérien », a-t-il affirmé jeudi soir sur BFM-TV.

Les effets du mouvement se font sentir au-delà des frontières nationales, la principale association européenne de compagnies aériennes, Airlines for Europe (A4E), ayant estimé qu’en Europe, 1 500 vols seraient annulés jeudi et vendredi, « affectant presque 300 000 passagers » sur le Vieux Continent. « Cette grève est intolérable. Le contrôle aérien français est déjà responsable des retards parmi les pires en Europe, et maintenant, les agissements d’une minorité d’aiguilleurs du ciel français vont perturber les projets de vacances de milliers de personnes en France et en Europe », a affirmé la directrice générale d’A4E, Ourania Georgoutsakou, citée dans un communiqué.

Selon la DGAC, le taux de grévistes s’est établi à 26,2 % jeudi, 272 contrôleurs ayant pris part au mouvement sur le millier de personnels de service. Le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, l’UNSA-ICNA (17 % des voix aux dernières élections professionnelles), a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l’USAC-CGT (16 %). Le premier syndicat, le SNCTA (60 % des voix), n’a pas appelé à la grève.

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Des retards en Europe largement imputables à la grève française

Toute la journée de jeudi, des vols maintenus ont accusé d’importants retards, en particulier à Nice et à Marseille. A4E a chiffré à « quasiment 500 000 minutes » cumulées jeudi les retards en Europe, sur près de 33 000 trajets commerciaux, de nombreux avions empruntant l’espace aérien français sans forcément atterrir dans le pays.

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La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a annoncé jeudi avoir dû annuler 400 vols, affectant 70 000 passagers. Son patron, Michael O’Leary, familier des coups d’éclat, a dénoncé une situation provoquée « par un faible nombre de contrôleurs aériens français participant à des grèves récréatives » et exhorté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à réformer le contrôle aérien en Europe, où à défaut, à démissionner.

Air France a confirmé avoir été « contrainte d’adapter son programme de vols », sans préciser le nombre d’annulations, mais souligné que son réseau long-courrier n’avait pas été affecté jeudi.

La grève fait perdre « des millions d’euros » aux compagnies aériennes, a prévenu jeudi le ministre des transports, Philippe Tabarot, en répétant ne pas vouloir céder aux demandes « inacceptables » des syndicats.

Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un « incident grave » à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service.

Parmi les griefs de l’UNSA-ICNA : « Un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l’été », des outils obsolètes et « un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés ».

Le Monde avec AFP

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