La ministre de la culture, Rachida Dati, dans la cour de l’Elysée, à Paris, le 3 septembre 2025.

Voilà l’autorité de Bruno Retailleau à la tête des Républicains sérieusement entamée. Enfreignant les consignes, six membres du parti ont décidé dimanche 12 octobre de rejoindre le gouvernement Lecornu II. Le parti a aussitôt annoncé leur exclusion et la cessation immédiate de « leurs fonctions dans nos instances dirigeantes ». Une réunion de ces instances est programmée « dans les tout prochains jours pour statuer de manière définitive ».

En une semaine, tout a basculé pour Bruno Retailleau. Reconduit dimanche 5 octobre à Beauvau dans le premier gouvernement Lecornu, il avait remis en cause sa participation, ulcéré par la nomination de Bruno Le Maire à la Défense.

A peine une semaine plus tard, le Vendéen, qui nourrit des ambitions élyséennes, se retrouve en dehors du gouvernement, comme il l’a lui-même souhaité, en affirmant qu’il ne rempilerait pas si le nouveau premier ministre était de gauche ou macroniste, comme Sébastien Lecornu qui a finalement été reconduit par Emmanuel Macron.

Il pensait entraîner avec lui tout le parti, d’autant plus que le bureau politique des Républicains (LR), une instance acquise au président du parti, a décidé, samedi, à une large majorité de ne pas entrer au gouvernement, à l’issue d’une réunion houleuse qui a reflété de fortes divergences internes.

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Très largement élu à la tête du parti en mai avec quelque 75 % des voix, Bruno Retailleau a ainsi tapé du poing sur la table pour tenter de faire rentrer tout le monde dans le rang. Sans succès.

Six ministres LR

Six membres du parti, et non des moindres, ont défié le nouveau président en répondant à l’appel de Sébastien Lecornu. Parmi les frondeurs, la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, qui occupait jusqu’ici le poste stratégique de présidente de la commission nationale d’investiture (CNI), chargée de désigner les candidats LR aux municipales de mars prochain. « Je demeure pleinement fidèle à mon parti et à mes convictions, comme je l’ai toujours été », a-t-elle affirmé sur le réseau social X.

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Reconduit aux transports, Philippe Tabarot a écrit à ses collègues du Sénat en leur disant qu’il était « cohérent avec la position qui était celle des Républicains jusqu’au 5 octobre dernier ». Quant à Rachida Dati, elle reste à la culture, alors qu’elle vient tout juste d’être investie par les Républicains comme candidate à la mairie de Paris.

Les trois autres LR à entrer au gouvernement sont tous députés : Vincent Jeanbrun (Logement), Sébastien Martin (Industrie) et Nicolas Forissier (Commerce extérieur et attractivité).

Les députés largement favorables à une participation

Ces nominations donnent l’impression que Sébastien Lecornu a joué sur les divisions internes chez LR, lui qui avait reçu séparément mardi à Matignon Bruno Retailleau et son rival Laurent Wauquiez, président des députés LR. Ce dernier a répété plusieurs fois ces derniers jours qu’une « large majorité » de son groupe soutenait la participation au gouvernement.

Avec une cinquantaine d’élus, les députés LR occupent une position pivot à l’Assemblée et constituent, aux côtés du bloc macroniste, la deuxième composante du socle commun. En première ligne en cas de dissolution, ils étaient largement favorables à la participation au gouvernement Lecornu II, contrairement aux sénateurs qui ont soutenu la position de Bruno Retailleau.

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Après la dissolution de 2024, de nombreux députés LR avaient sauvé leur siège face au Rassemblement national dans des circonscriptions rurales, en grande partie grâce à leur ancrage local. Beaucoup ne se sentent pas redevables au parti, dont le nom ne figurait souvent pas sur les affiches électorales, et craignent de ne pouvoir contenir une nouvelle poussée de l’extrême droite en cas de législatives anticipées.

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Le Monde avec AFP

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