Il est resté dans l’histoire comme le photographe des droits civiques, de la misère des ghettos noirs, de la dignité de ceux qui y vivent… Il a aussi été, très brièvement mais avec passion, l’un de ces nombreux photographes fascinés par Paris. Quand Gordon Parks (1912-2006) arrive en France à la fin des années 1940, il est déjà connu. Né dans une famille d’agriculteurs noirs du Kansas, il a grandi entouré de 15 frères et sœurs. Il a vivoté, enchaîné les petits boulots dans une Amérique encore martyrisée par la crise de 1929, avant de découvrir la photographie, sur le tard. Son nom circule ensuite vite dans les rédactions des journaux.

Il intègre l’équipe de Life Magazine, hebdomadaire qui tire à plus d’un million d’exemplaires. Gordon Parks a la fibre documentaire, il aime se confronter aux sujets durs et son regard est unique. Il se voit alors confier des photographies de mode ou de célébrités, si bien qu’en 1949, il débarque à Paris pour couvrir les collections de haute couture. Il part ensuite pour l’Italie, où il obtient d’assister au tournage de Stromboli, le premier film de Roberto Rossellini, avec Ingrid Bergman. Ses images de la star hollywoodienne entourée des pêcheurs de l’île éolienne et du cinéaste, accablé par la chaleur, dirigeant l’actrice dont il est en train de tomber amoureux, impressionnent son rédacteur en chef, Wilson Hicks. En 1950, ce dernier propose à Gordon Parks d’être le photographe correspondant de Life à Paris. Il déménage avec sa femme, Sally Alvis, et leurs trois enfants. Il y restera deux ans.

« Une période marquante de sa carrière », assure Peter W. Kunhardt Jr., directeur exécutif de la Gordon Parks Foundation, à New York. « J’avais besoin de Paris. C’était un festin, un grand carnaval d’images », écrira le photographe dans l’une de ses autobiographies, Voices in the Mirror (1990, non traduit). La capitale française vit un moment particulier. Libérée de l’occupation allemande depuis août 1944, la ville retrouve la joie tout en pansant ses plaies.

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