Agathe Habyarimana, la veuve du président rwandais dont l’assassinat a déclenché le génocide de 1994, au Palais de justice de Paris, le 30 avril 2014.

Deux juges d’instruction parisiennes ont ordonné un non-lieu concernant Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président rwandais hutu assassiné, dont le Parquet national antiterroriste (PNAT) demandait la mise en examen pour entente en vue de la commission du génocide des Tutsi en 1994, a fait savoir une source proche du dossier, jeudi 21 août.

La perspective d’un procès pour Agathe Habyarimana, 82 ans, placée depuis 2016 sous le statut plus favorable de témoin assisté, s’éloigne ainsi très fortement, alors que cette affaire a donné lieu à un bras de fer entre les juges d’instruction et le PNAT.

Selon l’ordonnance datée de mercredi que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter, les juges estiment qu’il « n’existe pas de charges suffisantes contre Agathe Kanziga (Habyarimana) qu’elle ait pu être complice d’acte de génocide » ou pu « participer à une entente en vue de commettre le génocide ». « A ce jour, Agathe Kanziga apparaît non comme auteure de génocide, mais bien comme une victime de l’attentat terroriste » dans lequel ont été tués son mari, son frère et des proches, ajoutent-elles.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Agathe Habyarimana, poursuivie pour « complicité de génocide » au Rwanda, 30 ans d’exil et de soupçons sans justice

Une ordonnance favorable en mai

La veuve de Juvénal Habyarimana, le président hutu dont l’assassinat, le 6 avril 1994, avait déclenché les massacres contre la minorité tutsi, est visée depuis 2008 par une enquête en France pour complicité de génocide et de crimes contre l’humanité, ouverte après une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda.

Les investigations avaient été arrêtées en 2022, mais le PNAT, qui comprend un pôle crimes contre l’humanité, avait demandé en août de la même année de nouvelles investigations, demandes qu’il a renouvelées en septembre 2024 en saisissant la chambre de l’instruction et en demandant la mise en examen de Mme Habyarimana pour entente en vue de la commission du génocide des Tutsi en 1994.

A la mi-mai 2025, les juges d’instruction avaient déjà rendu une ordonnance expliquant les raisons pour lesquelles cette mise en examen n’était pas justifiée. Dans la foulée, le PNAT avait fait appel de cette ordonnance ; un appel qui n’a pas encore été examiné.

Selon les associations parties civiles, Mme Habyarimana était l’une des dirigeantes de l’akazu – le premier cercle du pouvoir hutu qui aurait orchestré le génocide –, ce qu’elle nie. D’avril à juillet 1994, le génocide au Rwanda a fait, selon l’Organisation des Nations unies, 800 000 morts, membres de la minorité tutsi ou hutu modérés, tués par les forces armées rwandaises et les milices extrémistes hutu Interahamwe.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Share.
Exit mobile version