Lors des funérailles de deux des Palestiniens chrétiens tués lors du bombardement de l’église catholique de la Sainte-Famille, à l’église orthodoxe grecque Saint Porphyrius, à Gaza, le 17 juillet 2025.

Le patriarcat latin de Jérusalem a annoncé, jeudi 17 juillet, la mort de trois personnes dans une frappe israélienne sur la seule église catholique du territoire palestinien, refuge depuis le début de la guerre pour cette petite communauté. Plusieurs personnes ont également été blessées, « dont le curé de la paroisse, le père Gabriel Romanelli », a précisé le patriarcat. Des dommages ont par ailleurs été causés au bâtiment.

« Ce matin, aux alentours de 10 h 20, le complexe de la Sainte Famille à Gaza, appartenant au patriarcat latin, a été frappé par l’armée israélienne », a affirmé le patriarcat latin dans un communiqué. « A l’heure actuelle, trois personnes ont perdu la vie des suites de leurs blessures, et dix ont été blessées, dont deux dans un état grave », a-t-il ajouté révisant à la hausse un précédent bilan de deux morts.

Le président américain, Donald Trump, « a appelé le premier ministre [israélien Benyamin] Nétanyahou ce matin pour évoquer la frappe sur cette église à Gaza (…). C’était une erreur des Israéliens de frapper cette église catholique, c’est ce qu’a dit le premier ministre au président », a déclaré à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

Dans un communiqué diffusé jeudi soir, Benyamin Nétanyahou a déclaré qu’Israël « regrett[ait] profondément qu’un tir perdu ait atteint l’église de la Sainte Famille à Gaza. Chaque vie innocente perdue est une tragédie », a-t-il ajouté. Un peu plus tôt, le ministère des affaires étrangères israélien avait affirmé qu’Israël « ne vis[ait] jamais » de sites religieux dans la bande de Gaza, indiquant que l’armée enquêtait.

« Un char a frappé directement l’église »

L’église abritait à la fois des chrétiens et des musulmans, dont un certain nombre d’enfants handicapés, selon Fadel Naem, directeur par intérim de l’hôpital Al-Ahli, qui se trouve à deux pas de l’église et qui a reçu les blessés. Le directeur de l’hôpital a ajouté que la zone autour de l’église et de l’hôpital a été frappée à plusieurs reprises depuis plus d’une semaine.

« Dans la matinée, un char nous a pris pour cible et a touché l’église. Plusieurs civils ont été tués et blessés », a raconté à l’AFP Shadi Abou Daoud, un déplacé dont la mère de 70 ans est morte dans la frappe.

« Viser un site sacré qui abrite environ 600 personnes déplacées, dont la majorité sont des enfants, est une violation flagrante de la dignité humaine (…) et du caractère sacré des sites religieux, qui sont supposés fournir un abri sûr en temps de guerre », a commenté le patriarcat latin de Jérusalem. Son patriarche, Pierbattista Pizzaballa, a déclaré au portail d’information Vatican News : « Ce que nous savons avec certitude, c’est qu’un char a frappé directement l’église. L’armée israélienne dit par erreur mais nous n’en sommes pas sûrs. »

Le pape « profondément attristé »

La France a condamné le bombardement « inadmissible » de cette église, « placée sous la protection historique de la France ». « J’ai exprimé au patriarche latin de Jérusalem l’émotion et la solidarité de notre pays. Ces attaques sont intolérables, il est temps que le carnage à Gaza cesse », a écrit le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur X.

Le pape, Léon XIV, s’est lui dit « profondément attristé par (…) l’attaque militaire contre l’église catholique de la Sainte-Famille à Gaza ». « Sa Sainteté renouvelle son appel à un cessez-le-feu immédiat », précise un télégramme de condoléances publié par le Vatican. La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a de son côté imputé à Israël la responsabilité de la frappe contre l’église. « Les attaques contre la population civile, qu’Israël pratique depuis des mois, sont inacceptables. Aucune action militaire ne peut justifier une telle attitude », a-t-elle déclaré.

L’association de soutien aux minorités chrétiennes, L’Œuvre d’Orient, a transmis au Monde un communiqué dans lequel elle estime que l’église a été « bombardée par Tsahal ». « Cette action n’est justifiée par aucun objectif stratégique (…) et fait suite à l’attaque de Taybeh par des colons, sans intervention des forces de l’ordre », poursuit L’Œuvre d’Orient.

« On peut se demander si Israël en veut aux communautés chrétiennes. Nous attendons des excuses de la part du gouvernement israélien », a déclaré à l’AFP Pascal Gollnisch, son directeur général. L’Œuvre d’Orient a aussi rappelé « l’urgence d’un cessez-le-feu et d’un accès humanitaire pour protéger les populations les plus vulnérables ».

Selon la défense civile palestinienne, au total 25 personnes ont péri dans les frappes israéliennes jeudi dans la bande de Gaza.

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Le Monde avec AFP

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