Une commission judiciaire américaine a rejeté, jeudi 21 août, la demande de libération conditionnelle d’Erik Menendez, condamné pour le meurtre de ses richissimes parents, commis avec son frère Lyle dans leur villa de Beverly Hills, en 1989.
Le détenu, âgé de 54 ans, se voit opposer un refus valable « pour trois ans » et pourra ensuite réclamer un réexamen de sa demande, selon un communiqué. Celle de son frère, de trois ans son aîné, doit être examinée séparément vendredi.
Lyle et Erik Menendez comptent parmi les détenus les plus célèbres d’Amérique. Leur procès, au début des années 1990, a été l’un des premiers retransmis à la télévision et leur histoire est revenue dans la lumière grâce à une série et un documentaire de Netflix, diffusé l’an dernier.
La libération conditionnelle des deux frères, qui ont invoqué les violences sexuelles de leur père pour justifier leur acte, est réclamée par leur famille et soutenue par des célébrités. Leurs défenseurs les dépeignent comme des « détenus modèles » qui ont changé en prison, mais la commission du Département des services correctionnels et de réinsertion de Californie a émis des doutes jeudi sur le fait qu’Erik Menendez ne soit plus un danger pour la société. Ses deux membres se sont inquiétés de sa consommation de drogue et d’alcool derrière les barreaux jusqu’en 2013, son usage de téléphones de contrebande et d’accusations selon lesquelles il aurait rendu service à un gang de sa prison, il y a une dizaine d’années.
« Angles morts »
« Cette capacité à montrer un visage, mais à être autre chose, nous préoccupe », a déclaré Robert Barton, l’un des deux membres de la commission. « On peut grandir et mûrir à certains égards, mais avoir des angles morts dans d’autres domaines. »
Condamnés à la réclusion à perpétuité, les frères Menendez ont vu leur peine réduite en mai, ce qui leur a permis de demander une libération conditionnelle.
A l’époque des meurtres, le parquet avait accusé les deux jeunes hommes, alors âgés de 18 et 21 ans, d’avoir assassiné leurs parents pour hériter de leur fortune de 14 millions de dollars. Armés de fusils à pompe, ils ont tiré cinq fois sur leur père, José Menendez, notamment dans les rotules. Leur mère, Kitty Menendez, est morte en rampant pour tenter de leur échapper.
Les frères ont d’abord attribué les meurtres à la mafia, avant de changer de version plusieurs fois. Les enquêteurs ont finalement mis la main sur l’enregistrement d’une séance de psychothérapie, au cours de laquelle Erik a avoué le meurtre.
Devant le tribunal, leurs avocats avaient invoqué une tentative désespérée d’autodéfense, en affirmant qu’ils avaient été violés pendant des années par leur père et que leur mère était au courant. Prié de dire s’il pensait toujours avoir agi en état légitime défense, Erik Menendez a répondu « non », jeudi, mais il a aussi souligné qu’à l’époque, l’emprise psychologique de son père était telle qu’il n’imaginait pas s’enfuir. « Il est difficile d’exprimer à quel point mon père était terrifiant », a-t-il expliqué. « Fuir était inconcevable. Fuir signifiait la mort. »
« Infiniment désolé »
Le plus jeune des frères Menendez a également insisté sur son repentir : « Je veux juste que ma famille comprenne que je suis infiniment désolé pour ce que je lui ai fait subir ». Des remords que le représentant du parquet de Los Angeles, Habib Balian, n’a pas jugés sincères.
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« Quand quelqu’un continue à minimiser sa responsabilité au sujet d’un crime et continue à donner les mêmes fausses excuses depuis plus de 30 ans, cette personne est toujours aussi dangereuse que lorsqu’elle a abattu ses parents », a estimé le procureur. « A-t-il vraiment changé, ou dit-il simplement ce que nous voulons entendre ? »
Après ce refus, une sortie de prison est peu probable pour Lyle. Si la commission créait la surprise en recommandant sa libération, vendredi, Lyle ne pourrait pas être immédiatement remis en liberté. Le processus peut prendre jusqu’à quatre mois et le dernier mot revient au gouverneur de Californie, Gavin Newsom. L’élu démocrate a le pouvoir de confirmer ou d’infirmer une libération conditionnelle, voire de demander un réexamen par la commission.