Le ministre des finances, Eric Lombard, s’adresse aux médias lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue allemand, en Allemagne, mercredi 16 juillet 2025.

Le ministre de l’économie, Eric Lombard, a annoncé, jeudi 24 juillet, retirer un texte d’application de Bercy accusé par des sénateurs de favoriser la fraude à l’impôt sur les dividendes, lors d’un point presse après une rencontre avec le président de la commission des finances du Sénat, Claude Raynal (Parti socialiste), et le rapporteur général de cette commission, Jean-François Husson (Les Républicains).

Le ministre de l’économie était accusé depuis plusieurs semaines par des parlementaires d’avoir affaibli la lutte contre la fraude à l’impôt sur les dividendes, voire d’avoir cédé aux demandes de la Fédération bancaire française, ce qu’il contestait fermement. En cause : les modalités d’application d’un dispositif de lutte contre le contournement de l’impôt sur les dividendes introduit par le Sénat dans la loi de finances pour 2025.

Le stratagème d’évasion fiscale « CumCum » consiste, pour des actionnaires étrangers d’entreprises françaises, à confier temporairement leurs actions à un tiers français – généralement une banque, moyennant rétribution – au moment du versement des dividendes. Cela leur permet d’échapper au prélèvement à la source de l’impôt dû en tant que non-résident.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Fraude « CumCum » : les banques accusées d’avoir influencé Bercy pour affaiblir la loi

Brèche introduite

Le mécanisme voté dans le budget 2025 remédie à cette faille en imposant que la retenue à la source s’applique aux « bénéficiaires effectifs ». Mais le texte d’application publié par l’administration fiscale permettait des exceptions, notamment lorsque les banques ne connaissent pas les bénéficiaires des dividendes ou en exonérant les « marchés réglementés » d’appliquer cette disposition.

La rédaction de ce texte d’application, paru en avril dans le Bulletin officiel des finances publiques, précisait notamment que ce dispositif ne s’appliquait pas sur les « marchés réglementés », ou lorsque « l’établissement payeur ne connaît effectivement pas sa contrepartie ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Fraude « CumCum » : le ministre Eric Lombard sous pression avant son audition à l’Assemblée

Pour les parlementaires, cette formulation introduisait une brèche, tandis qu’Eric Lombard défendait sa conformité par rapport à la loi et qu’elle assurait une « solidité juridique ». Dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse le 8 juillet, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (La France insoumise), avait également estimé que « Bercy n’a pas adopté la loi votée mais la loi telle qu’il voulait l’amender ».

« J’ai décidé de retirer le texte en question », a annoncé Eric Lombard, précisant que le texte d’application serait republié jeudi, sans les dispositions litigieuses contestées. Jean-François Husson a vu « un signal fort » envoyé aux Français dans la décision de « reconsidérer la position du gouvernement ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Fraude « CumCum » : un sénateur se rend à Bercy pour demander des comptes sur l’affaiblissement de la loi

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Share.
Exit mobile version