D’un geste assuré, Fidiharimanana Rasolo frappe plusieurs fois sur la porte en bois vert lagon encastrée dans des tôles bleues. « Hodina ! », lance-t-il. La traditionnelle formule de politesse en shimaoré pour demander « s’il y a quelqu’un ». A l’intérieur du banga de ce bidonville dit « la Jamaïque », l’un des plus grands de Koungou, dans le nord de Mayotte, son habitante, méfiante, hésite, jeudi 27 novembre, à répondre. Avant tout en raison de sa situation de sans-papiers. Vêtue d’un boubou violet, la mère de famille, originaire de l’île comorienne d’Anjouan, laisse sa porte d’entrée entrebâillée. Puis fait passer à l’agent recenseur une chaise en plastique d’écolier afin qu’il commence à remplir les deux documents indispensables : la feuille de logement et les fiches individuelles.
Dans ce quartier entièrement rasé par le cyclone Chido, le 14 décembre 2024, et dont les cases ont été reconstruites « en sept jours » avec des tôles récupérées, le recensement de Mayotte a débuté, comme partout dans l’île. L’opération va durer jusqu’au 10 janvier 2026, sous le pilotage de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et avec plus de 700 agents locaux recrutés par les communes. Les premières tendances seront connues en juillet 2026, le chiffre définitif en décembre 2026.
Avec cinq enfants âgés de 2 à 20 ans, la famille vit dans un réduit de trois pièces – une « maison de fortune », disent plutôt les agents recenseurs – sans eau ni électricité, qui donne sur un chemin pentu de latérite, défoncé, sale, peuplé de gravats et de carcasses de voitures.
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